Portraits spéculatifs
Petit tour d’horizon photographique de la nouvelle spéculation urbaine mondialisée
«On a porté l’attention sur la nature, la durée et l’explication des cycles immobiliers, plus que sur leurs implications sur la physionomie de nos villes.»
Jeremy W.R. Whitehand, The Changing Face of Cities : A Study of Development Cycles and Urban Form, Blackwell, Oxford 1987
Facteur important dans la formation des villes à différentes périodes historiques, la spéculation immobilière connaît un impact sans précédent du fait de l’évolution du capitalisme contemporain. En effet, depuis les années 1970, l’intensification de booms et crises immobiliers au niveau mondial est liée à l’augmentation de l’investissement dans l’urbanisation et sur le marché du logement. Bien qu’un grand nombre d’études économiques portent sur l’analyse de ces booms et crises immobiliers, les conséquences physiques de ces phénomènes n’ont pas fait l’objet de la même attention. La bulle immobilière des années 2000 a livré de nombreux témoignages à l’échelle globale d’une production architecturale et urbaine basée principalement sur la valeur spéculative des bâtiments et du sol, et qui a amené à une urbanisation «insoutenable» du territoire, à l’échec d’opérations immobilières et à un stock de logements qui paradoxalement rend l’accès au logement plus difficile (hausse rapide des prix), enfin à une privatisation et trivialisation de l’environnement construit, conséquence de son instrumentalisation primaire comme bien d’investissement. Cette collection d’essais visuels montre les implications spatiales et territoriales des processus urbains spéculatifs de la bulle immobilière des années 2000, et témoigne de la globalisation croissante de ce phénomène.