Chantiers, faire tomber la palissade
Article de cadrage du dossier d'avril 2024 de la revue TRACÉS
Étape capitale du cycle de vie d’un projet, la phase d’exécution et particulièrement le chantier sont des thématiques traditionnellement peu traitées par la presse professionnelle, focalisée sur la conception, sur l’objet fini. Or derrière la dimension esthétique de l’œuvre architecturale, du résultat, se joue une scène complexe; un processus de travail, des savoir-faire d’êtres humains aux conditions de travail souvent pénibles. Les exigences toujours plus élevées que l’on impose au secteur de la construction, qu’elles soient écologiques ou liées à des logiques de rentabilité économique, exercent une lourde pression sur l’ensemble des acteur·rices. Face à ces phénomènes, on observe plusieurs conséquences: déshumanisation progressive du chantier, perte d’attractivité des métiers de la construction, séparation entre penser et faire, avec pour effet une scission entre direction architecturale et direction de travaux... Bien qu’à l’œuvre, cette réalité n’est aujourd’hui encore décrite que par témoignages et on-dit: il n’existe pas, en Suisse, d’études de l’impact de ces évolutions sur les conditions de travail et le bien-être des travailleur·euses du chantier, même si de nombreuses voix ont déjà tiré la sonnette d’alarme, comme nous l’ont rappelé les interlocuteur·rices de ce dossier. Continuerons-nous alors à fermer les yeux sur ce qui se déroule dans les coulisses?
Pour ce dossier, nous nous sommes efforcées de faire émerger une parole issue du terrain. L’appel à témoignages lancé en amont nous a permis de constater les différentes dimensions du chantier: historique, sociale, politique, culturelle et technique. Nous avons retenu trois thèmes: la déshumanisation progressive à l’œuvre sur les chantiers et les initiatives et stratégies mises en place pour la contrer, à l’image du projet d’Espace Chantier de labac; le renouveau des manières de faire, auquel une tribune de deux directrices de travaux et membres du Réseau femme et SIA nous invite à réfléchir; et, enfin, le besoin croissant en directeur·rices de travaux, dont la formation n’est aujourd’hui pas assurée.
Au cours des prochaines semaines, d’autres contributions issues de l’appel à témoignages seront publiées sur espazium.ch pour ouvrir quelques brèches dans la palissade et montrer ce qu’il se passe derrière.
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