La plu­part des grandes villes fi­ni­ront dans le rouge en 2014

La plupart des villes suisses ont prévu des budgets déficitaires pour 2014. Des six grands centres urbains, Zurich, Berne, Lausanne et Winterthour (ZH) devraient finir dans le rouge. La faute à des charges toujours plus lourdes et des programmes d'économies décidés par les cantons.

Date de publication
18-11-2013
Revision
01-09-2015

Lausanne prévoit un déficit de 31,4 millions de francs l'an prochain. Ce budget s'inscrit dans un plan d'assainissement sur 2013 et 2014 visant à trouver 40 millions d'économies et de nouvelles recettes. La situation restant fragile, le chef-lieu entend poursuivre ses efforts d'assainissement. 
A Zurich, le budget sera dans le rouge à hauteur de 231,6 millions de francs, à Berne 1,7 million. Dans la ville fédérale, le Parlement municipal entend augmenter les dépenses pour les quartiers et compenser le désinvestissement du canton. Le peuple rendra son verdict le 24 novembre. 
Winterthour est la seule grande ville à envisager une hausse d'impôts tout en menant un programme d'économies. La ville zurichoise avait d'abord élaboré un budget équilibré grâce à de meilleures rentrées fiscales. Mais finalement, le déficit s'inscrit à 1,3 million après le refus du canton de garantir une demande d'aide financière de la ville. Elle a réclamé à de multiples reprises une meilleure compensation des charges entre communes. 
  
 

Neuchâtel, un centre à reconnaître 

Pour des villes plus petites, la situation n'est guère plus rose: St-Gall fait les frais du programme d'économies du canton et la ville prévoit un déficit de 5,2 millions de francs avec une augmentation de la dette. L'austérité cantonale a entraîné des pertes de revenus et des dépenses supplémentaires de l'ordre de 19 à 22 millions de francs. La ville a également élaboré son propre plan d'économies. 
Les finances de Neuchâtel présentent une situation plus réjouissantes puisque le budget débouche sur un bénéfice de 850'000 francs. Mais la hausse de la facture sociale atteint 10%, une évolution jugée inquiétante. En outre, le rôle de centre d'agglomération qui profite à toute la région devrait être mieux reconnu dans la répartition des impôts, selon le Conseil communal. 


Une tendance nouvelle 

"Nous constatons pour 2014 qu'il y a plus de villes qu'auparavant qui misent sur un budget déficitaire", relève Martin Tschirren, directeur adjoint de l'Union des villes suisses. Selon ses estimations, cela pourrait être le cas de la moitié voire des trois quart d'entre elles. 
La hausse des impôts comme à Winterthour reste exceptionnelle. "La plupart des villes essaient d'abord de couvrir les déficits grâce à leur capital propre ou par des mesures d'économies au sein de l'administration", constate-t-il.   
Les dépenses croissantes dans les domaines de l'école et du social prennent toujours plus d'importance partout. Les tâches communes cantons-communes pour les transports coûtent aussi toujours davantage aux villes. Certaines font également les frais des baisses d'impôts comme dans les cantons de Berne, Lucerne ou des Grisons. 

 

Une péréquation aux effets indésirables 

Martin Tschirren conteste en revanche l'idée que la croissance pèse en général sur les budgets des villes. Mais dans quelques cantons, la péréquation financière a eu des effets indésirables: l'arrivée de nouveaux contribuables riches s'est traduite par un jeu à somme nulle pour les villes. "La compensation des ressources dans le canton a absorbé les gains de la ville", explique-t-il. 
Face à ce problème, les villes devaient s'adresser à leur canton pour un rééquilibre. L'union des villes suisses peut soutenir ces démarches mais ne peut agir à leur place, ajoute M. Tschirren. Dans ce contexte, l'UVS demande que les communes soient associées aux discussions sur la fiscalité de la Confédération et des cantons. 

 

Une réalité chiffrée 

Les charges dévolues aux centres urbains ont augmenté: il faut compter entre 1000 et 2000 francs de plus par habitant que dans une commune périphérique, selon une étude de l'Office fédéral du développement territorial (ARE) publiée en octobre. La ville abrite en moyenne plus de personnes âgées, de chômeurs, de déshérités et d'étrangers qui coûtent davantage. 
Les villes et communes ont déjà fait manifesté à l'automne dernier leur inquiétude face aux projets de la Confédération en matière de fiscalité des entreprises. Elles évaluent à 1,5 milliard les pertes fiscales engendrées par la réforme si l'imposition cantonale des bénéfices est abaissée à 15%.

Sur ce sujet