Le Valais veut profiter de son énergie hydraulique
Un tiers de la production hydro-électrique helvétique provient des barrages valaisans, mais le canton n'en profite guère. Les gros bénéfices sont empochés par les groupes énergétiques du Plateau suisse, où sont aussi recensés les meilleurs emplois.
Le Valais veut changer les choses et devenir un centre de compétence en matière hydro-électrique. Actuellement, 80% de la force hydraulique valaisanne est en mains «étrangères». Chef du Département cantonal de l'énergie, Jean-Michel Cina veut désormais que le Valais devienne un pays de l'énergie, a-t-il confié lors d'un entretien avec l'ats. Les prochaines décennies s'annoncent décisives. En effet, les concessions hydro-électriques arrivent à échéance et les collectivités publiques valaisannes ont l'opportunité de reprendre la maîtrise des installations. «A l'avenir nous voulons contrôler 60% des forces motrices», précise M. Cina. Le canton, qui en contrôle actuellement 20%, souhaite également s'impliquer dans l'ensemble du marché électrique, y compris l'aspect commercial qui se développe en grande partie hors du canton. La problématique a fait l'objet d'un rapport demandé par l'Etat du Valais. Les experts y estiment à 300 millions de francs le supplément potentiel de valeur ajoutée. Le Valais veut aussi profiter de la décision du Conseil fédéral de quitter le nucléaire.
L'énergie solaire ou éolienne pourraient couvrir la demande électrique, à midi et par grand vent. «Mais qu'en sera-t-il de nuit, ou par journée sans vent », questionne M. Cina. Seuls les barrages pourront couvrir les besoins à ces moments. «Nous devons développer ces installations», estime M. Cina.
L'argent n'est pas la seule motivation valaisanne. Egalement à la tête du Département de l'économie, Jean-Michel Cina veut créer des emplois qualifiés. L'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) doit implanter d'ici 2015 une antenne permanente avec onze chaires et déjà le souhait d'y créer un «master» en énergie. La Suisse est championne en matière de recherche fondamentale, mais pêche dans la mise en pratique, estime M. Cina. Le Valais veut combler cette lacune en créant un campus qui réunit chercheurs et industriels.
L'EPFL a déjà ouvert une antenne dans le canton de Neuchâtel, spécialisée dans le domaine de la microtechnique. Vice-directeur de l'institut neuchâtelois, Pierre-André Farine ne voit dans ce modèle que des avantages. Le Neuchâtelois apporte de l'eau au moulin de Jean-Michel Cina. Il admet d'ailleurs qu'il ne verrait pas d'un mauvais oeil que le Valais, grâce à sa stratégie énergétique, devienne un canton au bilan net favorable dans la péréquation financière fédérale.