«Nous devons devenir l’interlocuteur principal du bâtiment»
Entretien
Depuis décembre 2022, Alain Oulevey et Urs Rieder assurent l’intérim à la tête de la SIA. Dans cet entretien, ils abordent les prochaines étapes clés pour l’association.
Alain Oulevey et Urs Rieder, lorsque Peter Dransfeld a quitté ses fonctions de président de la SIA, vous avez repris ensemble les rênes de l’association à titre intérimaire. Que s’est-il passé pendant ces six derniers mois?
Urs Rieder (UR): Tant de choses ! Si je reviens sur ces six derniers mois, j’ai plutôt l’impression que deux ans se sont écoulés. Nous avons traité plusieurs dossiers très exigeants. Parmi eux, la mise en place d’une commission spéciale visant à clarifier les circonstances du départ de Peter Dransfeld. Nous nous sommes attelés à la question de la détermination des honoraires, sur laquelle l’Assemblée des délégués devait statuer. En tant que président du conseil d’experts Énergie, j’ai par ailleurs planché sur l’objectif de réduction des gaz à effet de serre, différents objets politiques ainsi que la campagne pour la loi sur le climat et l’innovation.
Alain Oulevey (AO): J’ai eu le plaisir de faire la connaissance de beaucoup de personnes, surtout à l’occasion des nombreuses assemblées générales de nos sections. Et je représente désormais la SIA dans le groupe de base Planification et dans le comité de Constructionsuisse, une mission pleine de défis. Nous devons devenir l’interlocuteur principal du bâtiment pour toutes les questions relevant de nos thèmes prioritaires comme le climat et l’énergie, la culture du bâti ou la passation des marchés.
Les tâches qui vous incombent depuis décembre sont des plus variées. Comment êtes-vous parvenus à vous glisser aussi vite dans ce nouveau rôle de coprésidents ad interim?
(AO): Ce nouveau rôle est très prenant. Il me consume littéralement, mais aussi dans le sens positif du terme. J’apprécie les échanges et les réflexions sur des questions complexes et stratégiques qui préoccupent notre branche. Toutefois, j’ai encore du mal à changer de casquette. Passer rapidement des discussions stratégiques aux questions opérationnelles, qui font le lot de mon activité de directeur d’un bureau d’ingénieurs, relève du défi. J’en profite pour remercier mes partenaires commerciaux de leur compréhension.
(UR): Pour mes 60 ans, je me suis offert un cadeau: j’ai abandonné la vice-direction de la Haute école pour diriger la construction du nouveau campus de Horw et pour avoir plus de temps pour moi. Je le consacre désormais à la SIA.
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Fin février, vous avez dirigé la Conférence des sections et des groupes professionnels et, fin avril, l’AD. Comment avez-vous vécu ces rassemblements?
(UR): Cela s’est très bien passé. Je garde un bon souvenir de l’AD qui a eu lieu dans la magnifique salle du Grand Conseil du canton de Bâle-Ville. Les délégués ont débattu avec vigueur et partagé des moments plus conviviaux durant les pauses et la veille au soir. Se rencontrer en personne cimente notre cohésion pour aborder ensemble les questions de fond.
(AO): Diriger l’assemblée en tandem a selon moi fait ses preuves. Je vais d’ailleurs le mentionner lorsque nous partagerons nos réflexions, au sein du Comité, sur la future présidence.
Pensez-vous qu’une coprésidence est ce dont la SIA a besoin?
(UR): Tout à fait. L’ambition de la SIA est d’avoir un président ou une présidente qui garde un pied dans la vie professionnelle. Cela traduit un engagement crédible et enthousiaste en faveur de notre branche. Pour ma part, j’aurais été incapable d’affronter la tâche tout en poursuivant mon activité professionnelle. J’admire nos prédécesseurs.
(AO): Je considère aussi notre coprésidence comme un enrichissement, surtout du point de vue linguistique, étant donné que je représente la Suisse romande. L’intégration de toutes les régions linguistiques est essentielle pour la SIA. En tenant les séances en français et en allemand, nous avons capté l’attention de toutes les personnes présentes et les avons motivées à prendre part au débat. Une coprésidence permettrait également d’équilibrer d’autres critères, comme le genre, les groupes professionnels ou les réseaux de contact politiques.
Avez-vous d’autres idées pour la nouvelle présidence?
(UR): L’avenir nous dira si une ou deux personnes prendront les rênes. Cependant, le candidat ou la candidate doit posséder une expertise crédible dans au moins un métier relevant de nos groupes professionnels, être charismatique, ainsi que disposer d’aptitudes communicatives poussées et d’une expérience dans une fonction dirigeante.
(AO): Toute l’organisation autour de la présidence fait aussi l’objet de discussions au sein du Comité. Dans ce contexte, différents exemples inspirés de notre gouvernement ou des comités des sections SIA peuvent servir de modèles. Chaque membre du Comité doit assumer un domaine de responsabilité. De cette manière, nous paraîtrons encore plus crédibles et plus unis vis-à-vis de l’extérieur.
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Quels objectifs visez-vous pour l’association cette année?
(UR): Nous voulons soumettre une nouvelle présidence aux délégués à l’occasion de leur assemblée d’avril 2024. Il ne faut jamais trop promettre en matière de personnel, mais c’est l’objectif fixé. Nous allons surtout clarifier les questions liées à l’organisation et préparer l’appel à candidatures dans le but de trouver, sur les dix mois restants, des personnalités appropriées.
(AO): La commission spéciale mandatée pour déterminer les circonstances du départ de Peter Dransfeld présentera ses conclusions à l’occasion du Forum SIA, en septembre prochain. Ces conclusions seront bien entendu prises en compte dans le processus d’appel à candidatures et les discussions relatives à la gouvernance de notre association. Ce regard sur le passé servira de base fondamentale pour nos décisions portant sur l’avenir.
Et quels sujets figurent en tête d’agenda?
(AO): Nous travaillons à une solution pour la détermination des honoraires. De plus, dans le droit-fil de notre thème phare «Climat et énergie», nous mettons l’accent sur la durabilité dans toutes nos activités – y compris en matière de passation des marchés, de culture du bâti et d’aménagement du territoire.
(UR): Notre ambition est de créer un cadre de vie durable, cette année et les suivantes. Si nous voulons atteindre l’objectif zéro émission nette, nous devons faire en sorte que la loi sur le climat et l’innovation soit acceptée. Par ailleurs, la SIA se mobilise pour une définition claire de l’objectif de réduction des émissions carbone, la consolidation de l’économie circulaire et le développement des énergies renouvelables.
Où en sera la SIA lors de la prochaine Assemblée des délégués? Que lui souhaitez-vous d’ici là?
(AO): Je souhaite que la SIA ait étendu son influence politique à travers un réseau renforcé et un leadership plus prononcé sur ses thèmes prioritaires. La révision de la loi sur l’aménagement du territoire (LAT) est un autre sujet important, en sus des objets de politique climatique et de la votation populaire du 18 juin. À cet égard, nous avons offert au Comité un important soutien stratégique grâce à la mise en place du conseil d’experts Aménagement du territoire.
(UR): J’ai hâte que nos délégués élisent à la tête de l’association une présidence forte, et que la SIA puisse trouver avec élan une solution concrète à la question des honoraires. Enfin, nous espérons que la mise en œuvre de notre plan d’action «Énergie, climat et ressources» progressera à grands pas.
À propos de:
Alain Oulevey et Urs Rieder ont repris les rênes de la SIA à titre intérimaire après le départ de Peter Dransfeld.
A. Oulevey est entré au Comité SIA en 2021 et assure la vice-présidence depuis juin 2022. Ingénieur civil à la tête d’un bureau à Écublens, il siège également à la Commission centrale des normes (ZN). Auparavant, il a présidé la section SIA Vaud.
U. Rieder siège au Comité SIA depuis 2013. L’ingénieur en techniques du bâtiment est vice-président depuis 2022 et préside le conseil d’experts Énergie. Il est par ailleurs professeur à la Haute école de Lucerne.