Retrait du cahier technique SIA 2051 «Building Information Modelling (BIM)»
Fin 2024, le cahier technique SIA 2051 «Building Information Modelling (BIM) – Bases pour l’application de la méthode BIM» s’est vu retiré de la liste des publications SIA. Un retrait motivé par l’existence de la série de normes internationales SN EN ISO 19650, qui remplacent en partie le cahier technique.
Le BIM (Building Information Modelling) était peu connu des architectes et ingénieurs lorsque le groupe de réflexion «BIM» de la SIA tint sa première réunion, le 27 octobre 2011. Par la suite, ce groupe obtint l’approbation de la Commission centrale des normes (ZN) de la SIA pour l’élaboration d’un cahier technique et la création d’une commission ad hoc, la commission 2051. Après trois années de travaux, cette dernière soumettait son projet à la consultation. Les réactions furent particulièrement nombreuses, avec plus d’un millier de commentaires et de propositions de modifications déposés par 60 contributeurs – autant d’éléments qu’il fallut traiter. Mais ce travail eut l’avantage de mieux faire comprendre la nécessité d’une appréhension commune et constitua de ce fait une importante caractéristique de qualité du cahier technique. Le cahier technique SIA 2051 fut publié en décembre 2017 et complété l’année suivante par les deux documentations D0270 «Anwendung der BIM-Methode – Leitfaden zur Verbesserung der Zusammenarbeit» et D0271 «Anwendung der BIM-Methode – Modellbasierte Mengenermittlung» (en allemand uniquement) ainsi que par la convention complémentaire BIM SIA 1001/11.
Des échanges d’information définis à l’échelle internationale
En même temps que la commission SIA 2051 élaborait son cahier technique, les activités internationales relatives à l’utilisation des maquettes numériques dans les projets de construction se mettaient en place. En 2016, le Comité européen de normalisation CEN/TC 442 «Modélisation des informations de la construction (BIM)» voyait le jour. La SIA y participa dès sa création et elle apporta sa pierre aux travaux de normalisation. Des premiers contenus issus des activités internationales furent ainsi intégrés dans son cahier technique.
Il apparut rapidement que, à moyen ou long terme, les nombreuses activités internationales de normalisation auraient une influence importante sur les travaux suisses relatifs à l’échange d’informations lisibles par les machines. Car il ne fait guère sens de définir des prescriptions pour la description des produits ou un modèle pour l’échange d’informations entre acteurs si ces prescriptions ou modèles sont cantonnés au seul niveau national. C’est pour cette raison que, en 2017, avec les Classes de fondation d’industrie (IFC), la première norme internationale était intégrée au corpus normatif suisse. Il s’agissait de la description détaillée d’un modèle de données pour un partage d’informations entre logiciels dans les domaines de la conception, des études, de l’exécution et de la gestion immobilière. Cette première norme fut suivie et sera encore suivie d’autres, l’objectif étant d’optimiser l’interopérabilité entre systèmes. Ce sont surtout les partenaires informatiques qui sont concernés. Il leur est demandé de tenir compte de ces normes dans leurs produits de manière à ce que la valeur ajoutée par ces normes – en permettant une base commune pour des applications performantes – soit véritablement effective.
Similarité des principes, mais différences dans la terminologie
Avec l’utilisation d’informations lisibles par les machines, la nature et les modalités de la collaboration entre les différents intervenants évoluent. Les demandes d’information ne sont plus satisfaites par la communication brute de documents graphiques. Pour qu’un échange d’informations efficace devienne possible, il faut que les participants s’accordent d’abord sur les informations dont ils ont réellement besoin. Une telle démarche serait également pertinente dans le cas de documents papier, évidemment, mais comme elle n’a rien d’impératif, elle est souvent négligée. La nécessité de structurer le processus de conception et les demandes d’information a bien sûr déjà fait l’objet d’une description conceptuelle dans le cahier technique SIA 2051, indépendamment de la normalisation internationale. Les principes sont essentiellement issus du domaine de la gestion de projet et de l’ingénierie des systèmes. L’élaboration de l’EN ISO 19650-1 « Organisation et numérisation des informations relatives aux bâtiments et ouvrages de génie civil, y compris modélisation des informations de la construction (BIM) – Gestion de l’information par la modélisation des informations de la construction – Partie 1: concepts et principes » a produit de son côté un outil approprié à l’échelle internationale. L’intégration de cette norme dans le corpus normatif suisse – sous la désignation SN EN ISO 19650-1:2018 – a fait qu’il existe désormais, parallèlement au cahier technique SIA 2051, un deuxième document qui décrit des principes similaires, mais avec, en partie, des différences de terminologie et de définitions.
Nouvelles lignes directrices pour la série de normes SN EN ISO 19650
Le retrait du cahier technique SIA 2051 constitue une réponse à ces différences terminologiques susceptibles de conduire à des confusions. Le retrait concerne également les documents associés – D0270, D0271 et convention complémentaire BIM SIA 1001/11. Les normes internationales étant d’une lecture plus ardue et d’une application relativement plus délicate que les normes nationales, la SIA a entrepris de rédiger des lignes directrices pour l’utilisation de la série SN EN ISO 19650. Pour une application correcte, cette série de normes nécessite en effet des instructions propres à chaque pays en fonction du degré de complexité des projets. Certains contenus du cahier technique SIA 2051, retravaillés, seront repris dans ces lignes directrices.
Pour joindre les auteurs:
Martin Riniker, martin.riniker [at] sia.ch (martin[dot]riniker[at]sia[dot]ch);
Peter Scherer, peter.scherer [at] fhnw.ch (peter[dot]scherer[at]fhnw[dot]ch)
