Trans­for­mer des bu­reaux en lo­ge­ment? fa­cile!

Pas une semaine ne passe sans qu’une manchette de journal ne mentionne la crise du logement, dans des villes pourtant hérissées de grues. À ce paradoxe s’ajoute le constat que de nombreuses surfaces sont laissées vides par des propriétaires qui, soit n’ont pas les moyens d’investir dans la maintenance de leur bien, soit préfèrent délibérément laisser grimper leur valeur plutôt que de s’embarrasser avec des locataires. Dans le monde entier, les surfaces vacantes sont désormais considérées comme le plus grand fléau des métropoles, d’après le réseau mondial des villes durables C40, qui estime à 6.5% le taux de vacance des surfaces de bureaux dans le Grand Paris. 

Difficile de déterminer le chiffre réel de la vacance dans les villes suisses, si l’on considère celle qui est déclarée, et celle qui ne peut l’être. Car un changement profond s’est opéré dans le monde professionnel ces dernières années, renforcé encore par la découverte de notre passion collective pour le télétravail sur canapé. Depuis la pandémie de covid-19, de nombreux bureaux seraient encore désertés. D’après le cabinet de consulting spécialisé Wüest Partner, le taux d’occupation moyen des bureaux classiques serait actuellement de 80% en Suisse. En théorie, lit-on dans sa dernière analyse, en combinant de manière optimale les jours de présence et le partage des espaces avec un taux de télétravail de 40%, on pourrait diviser par deux les surfaces actuelles de bureaux¹.

Tout se transforme!

De Genève à Zurich, les loyers des appartements augmentent; tout comme les files devant la porte des deux-pièces mis sur le marché. Pendant ce temps, les propriétaires d’immeubles de bureaux rechignent encore à convertir leurs biens en logements, trouvant mille prétextes pour ne pas investir. Les trames et les conduites ne seraient pas adaptées aux standards du logement, nous dit-on. Dans ce cas, ne serait-il pas tant de changer les standards?

C’est exactement la piste qui sera explorée à Fribourg en novembre. Tout se transforme : pour le prouver, une équipe d’enseignant·es et de chercheur·euses de l'institut Transform de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR) organise le symposium Habiter le tertiaire les 14 et 15 novembre prochain. Seront présentés des projets de reconversion réalisés à Paris, à Bruxelles et dans toute la Suisse. La parole sera donnée aux architectes puis à leurs maîtres d’ouvrage, privés et publics. Ensemble, ils et elles discuteront lors de deux tables rondes des écueils et des solutions qui ont été trouvées pour aboutir à ces résultats.

«Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme»: la citation est attribuée à Antoine Lavoisier, le chimiste qui jeta les bases de la loi sur la transformation de la matière. L’homme était aussi économiste, et quand on sait compter comme lui, on en vient à la même conclusion: tout, absolument tout, se transforme.

14-15.11.2024
SYMPOSIUM
Habiter le tertiaire
Fribourg

Conférences: 

– Djamel Klouche (AUC, Paris)

– François Charbonnet (Made in, Genève)

– Oana Bogdan (&bogdan, Bruxelles)

– Patrick Rubin (canal architecture, Paris)

Présentation des projets de : BHSF Architekten, Kooperative E45, Lacroix-Chessex, Studio Trachsler Hoffmann, Brauen Wälchli, CDAO

Investisseurs: Axa Investment, INA Invest, Ville de Bâle, Fondation PWG, CPEG

Organisation: Institut Transform HEIA-FR, Isabel Concheiro, Simon Chessex, Christian Dupraz

L’événement est soutenu par l’Office fédéral du logement et l’Office fédéral de la culture. Bien que gratuit, les places sont limitées et l’inscription (obligatoire) est donc recommandée au plus vite: 

– tout-se-transforme.ch

Notes

1.  Julia Selberherr, Ina Stammberger, «Comment réaffecter les bureaux de manière rentable avec une bonne efficacité énergétique?», Immobilien & Energie 5/2024, espazium, octobre 2024