Une nou­velle as­so­cia­tion ge­ne­voise pour la culture du bâti

Les acteurs genevois  de la culture du bâti se fédèrent au sein de l’Association Pavillon Sicli, une association qui se veut un «accélérateur de l’innovation urbaine».

Date de publication
31-05-2017
Revision
31-05-2017

Comme nous l’avait annoncé l’architecte cantonal genevois dans une interview donnée à espazium.ch en septembre dernier (lire une tente en béton pour la palabre), cinq acteurs majeurs de la culture du bâti ont décidé de s’associer pour soutenir la qualité de la construction de la Ville et du Canton. C’est sous la majestueuse coque du Pavillon Sicli, dont la nouvelle association porte le nom, que la Maison de l’Architecture (MA), la Fédération des associations des architectes et ingénieurs de Genève (FAI), la Fédération genevoise des métiers du bâtiment (FMB), la Haute école d’art et de design (HEAD) et la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture (HEPIA), ont rendu publique l’association fondée le 7 février 2017.

Un contexte, un projet, un lieu


Comme l’a souligné Yves Leuzinger, directeur de l’HEPIA et président de l’Association Pavillon Sicli, c’est un contexte favorable qui a permis aux cinq acteurs – après plusieurs mois de négociation – de se mettre d’accord sur un projet commun. Au niveau local, le Canton de Genève a connu ces douze derniers mois une hausse de 16% des constructions en comparaison annuelle; le conseiller d’Etat Antonio Hodgers a annoncé des mesures pour favoriser le développement des coopératives d’habitation et les grands projets du plan directeur cantonal 2030 promettent de changer radicalement le visage de la ville et du canton. Au niveau national, l’introduction de la culture du bâti dans le Message culture 2016-2020 semble avoir encouragé les velléités dans ce domaine, puisqu’en septembre dernier, ce sont les professionnels du canton de Vaud qui annonçaient la naissance de la CUB, la Fondation pour la culture du bâti.
Le projet et les objectifs de l’Association Pavillon Sicli sont clairs: «faire rayonner les domaines de l’architecture, l’architecture du paysage, la construction, l’urbanisme, l’ingénierie et le design par la programmation de conférences, de débats, d’expositions ou d’ateliers». A l’instar de l’architecte cantonal Francesco Della Casa, les partenaires ont longuement insisté lors de la conférence de presse sur le rôle de médiation que doit jouer l’association dans la fabrique de la ville. Donner la parole aux citoyens, engager un dialogue entre les professionnels et les profanes, donner à comprendre la complexité de l’aménagement du territoire genevois, sont les missions que devront remplir les événements futurs organisés sous l’emblématique voute en béton de Heinz Isler mise à disposition par l’Etat. Un volet consacré à la recherche est également prévu, notamment grâce à divers fonds d’archives qui seront rassemblés au sous-sol du bâtiment.
Au niveau opérationnel et financier, un comité de programmation, formé d’un représentant de chaque membre fondateur, se chargera de la gestion des activités culturelles qui s’inscriront dans la stratégie et les fils rouges thématiques choisis par l’association. Les événements pourront porter la bannière de l’association ou de l’une des entités fondatrices. Ces dernières assureront le financement de l’association et du salaire d’une coordinatrice ou d’un coordinateur dont l’engagement est imminent, alors que le financement des événements se fera par projets. La gestion quotidienne de l’ensemble du bâtiment restera entre les mains de l’entreprise arfluvial qui assurera sa location lorsque le programme le permettra.
Si, sur le papier, l’organisation semble relativement simple et efficace, l’association ne fera pas l’économie de questions cruciales dont les réponses données seront déterminantes pour son avenir et  son succès. Quel regard critique et quelle marge d’impertinence l’Association Pavillon Sicli montrera-t-elle face à l’Etat qui, même si il n’est pas partie prenante, met à disposition un bâtiment qu’il continuera à utiliser pour présenter ses grands projets architecturaux et urbains?
De plus, l’association devra rechercher un équilibre programmatique qui s’annonce difficile entre chaque membre fondateur. En effet, quelle place donner à la Fédération genevoise des métiers du bâtiment, moins habituée à l’exercice de la médiation, face à une Maison de l’Architecture qui a prouvé depuis sa création son savoir-faire en la matière?

L’art révélateur du génie civil


Avec sa première exposition «LIGNES DE FORCES», l’Association Pavillon Sicli donne à ces interrogations des éléments de réponses convaincants. Le dispositif de la plasticienne Carmen Perrin – une double spirale en pellicule miroir de 20 cm de large et de 0.3 mm d’épaisseur collée à même le sol – révèle au profane mieux que n’importe quel traité technique l’ampleur spatiale et l’inventivité de la structure imaginée par l’ingénieur Isler en 1968. En plaçant l’épicentre de sa fine sculpture – inspirée par les ondes gravitationnelles provoquées par la collision de deux trous noirs – sous la coupole de résine translucide de la coque – Carmen Perrin met en scène la lumière et démontre sa compréhension profonde du bâtiment. On se prend à rêver de pouvoir contempler pendant 24 heures le jeu poétique entre l’art, l’architecture, le génie civil et la lumière.

 

Informations

Lignes de forces de Carmen Perrin, exposition iInaugurale de l'Association Pavillon Sicli
Commissaire de l’exposition: Lorette Coen
Jusqu’au 18 juin 2017 
mardi à vendredi: 11h30 –14h30 et 16h00 – 19h00
samedi et dimanche: 11h00 – 18h00 (fermé entre 14h00 et 14h30) 
lundi: fermé 

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