Urbanisme: Fribourg lève le pied
Afin de lutter contre le bruit routier, la Ville de Fribourg va instaurer le 30km/h sur 75% de son réseau routier. Un chiffre ambitieux qui ne constitue pas un programme politique mais une réponse technique et pragmatique à des obligations légales.
Les nuisances liées au bruit du trafic routier ont un impact sur la santé humaine et contribuent donc aux coûts de la santé. Elles peuvent également faire baisser la valeur d'un bien immobilier. Le droit fédéral impose à la Confédération, aux cantons et aux communes d'assainir leurs réseaux routiers afin de respecter les valeurs limites d’immissions fixées dans l’Ordonnance fédérale sur la protection contre le bruit. Pour ce faire, les mesures à la source, telles que la pose de revêtement phonoabsorbant et les limitations de vitesse, sont privilégiées.
Afin de répondre à ces exigences, la Ville de Fribourg a posé depuis 2011 des revêtements phonoabsorbants sur une douzaine de kilomètres de son réseau. Sur tous les tronçons de route où cette mesure ne permet pas de respecter les valeurs limites de bruit, elle prévoit maintenant de limiter la vitesse à 30 km/h, en étendant ce principe à des tronçons intermédiaires et des trajets alternatifs, ceci afin d'éviter des reports de bruit. Le Canton de Fribourg va mettre en consultation ce projet d'assainissement au bruit qui devra à la fois améliorer la qualité de vie des habitants et préserver la cohérence du réseau routier de la capitale. Son objectif est aussi clair qu’ambitieux : pas moins de 75 % du réseau routier de la Ville de Fribourg serait limité à 30 km/h, de jour comme de nuit. De quoi faire de la cité des Zhäringen une pionnière en matière de bruit et de réduction de la vitesse de circulation de ce côté de la Sarine.
Mais, quitte à se montrer ambitieux, pourquoi ne pas imposer le 30km/h sur l'ensemble du territoire de la ville ? À cette question, Pierre-Olivier Nobs rétorque que ce projet est une réponse technique à un problème légal, et non un programme politique.
La Ville de Fribourg a ainsi identifié une dizaine de tronçons où la vitesse maximale pourrait être limitée à 30 km/h. Elle a ensuite analysé, sous l'angle de la mobilité, les autres axes sur lesquels un abaissement de la vitesse serait bénéfique, soit parce que la vitesse effective enregistrée est déjà inférieure à 50 km/h, soit pour assurer la cohérence du réseau routier et éviter des reports de trafic et de bruit.
30km/h vs zone 30
Un point important du projet est que la limitation à 30km/h ne transformera pas les tronçons concernés en zones 30. Ces dernières répondent à un certain nombre de critères d'aménagement qui vont bien au-delà de la vitesse de circulation. Par conséquent, le temps politico-administratif nécessaire à leur mise en œuvre est bien plus long. Pour l'élu fribourgeois, il faut compter de 10 à 15 ans alors qu'il est prévu que le projet en cours démarre à la mi-2021. Pour ce fervent défenseur du 30km/h généralisé, la réduction de la vitesse en ville est le point de départ d'un cercle vertueux : une diminution du bruit, de la pollution atmosphérique et de l'espace dévolu à la voiture permet d'élargir les trottoirs, d'offrir davantage de zones propres au vélo et aux transports publics, d'améliorer la sécurité des adeptes de la mobilité douce, de donner plus de place pour des arbres ou de la végétation ou d’élargir le champ des possibles lors du développement de projets de requalification urbains et au final améliorer la qualité de vie au centre ville. L'élu rêve même d'un renversement de la logique qui prévaut : « Actuellement, la norme est au 50km/h et il faut en justifier les dérogations. Personnellement, je plaide pour une généralisation du 30km/h, avec des exceptions là où elles se justifient ». À lire les réactions suscitées par le projet sur les réseaux sociaux, son travail de conviction sera de longue haleine.