Les nor­mes com­me par­ti­ti­on de la cul­tu­re du bâ­ti

Les normes ne limitent-elles pas en soi les élans novateurs et la créativité des architectes et des ingénieurs? Markus Friedli, responsable des normes de la SIA, est convaincu qu’il n’en est rien. Réflexions sur l’évolution de la politique de normalisation 2017-2020.

Publikationsdatum
01-04-2016
Revision
01-04-2016

Le concept directeur pour le développement de la normalisation SIA 2017-2020, qui sera soumis au vote de la prochaine assemblée des délégués le 22 avril 2016, renvoie également à la question de l’efficacité de la politique de normalisation actuelle. Lorsqu’à l’été 2015, le soussigné s’est attelé à formuler les lignes directrices de la normalisation pour les quatre prochaines années, une chose était claire dès le départ : face aux défis actuels et à venir – et ne serait-ce qu’en raison des changements intervenus au cours des dernières années –, la simple poursuite du travail existant n’était envisageable ni du point de vue idéel ni au niveau conceptuel. Il s’agit bien plutôt de clarifier rapidement des questions fondamentales: une politique de normalisation de la SIA a-t-elle encore une utilité? Ou faut-il constater l’obsolescence de cet instrument stratégique face à la révolution numérique, face au «Building Information Modelling» et face à d’autres mutations intervenant à intervalles rapprochés? Reste-t-il même encore des interfaces constituant des références et des guides fixes pour la communauté (de bâtisseurs) diversifiée que représente la SIA? La réponse pouvant être apportée à une telle indétermination est justement qu’elle appelle des systèmes flexibles et oblige à arrêter des concepts. Les normes et les règlements ne sont ni des objets sacrés ni une fin en soi, mais des aides à la décision et des outils pour concevoir et bâtir des ouvrages à la hauteur de leur époque, de ses besoins et des paramètres techniques, sociaux et culturels en vigueur. C’est la raison pour laquelle la politique de normalisation 2017–2020 s’attache fondamentalement à définir ce qu’est une norme, comment elle est élaborée, comment la collection des normes SIA est articulée et comment la Société assure le suivi de celles-ci. Ou pour le dire autrement: les normes constituent un socle d’intercompréhension aussi clair, compréhensible et axé sur la pratique que possible – un langage commun à tous les intervenants impliqués dans la construction. Les langues sont des biens culturels – les normes sont les échafaudages de la culture du bâti! Si l’on saisit bien cette idée et que l’on s’en pénètre, on comprend que les normes sont comme la partition d’un air de musique ; elles établissent les lignes sur lesquelles le maître de l’ouvrage, l’architecte et l’ingénieur ou l’entrepreneur placent «leurs notes» et jouent leur mélodie de créateurs de culture du bâti ; mais que la musique soit bonne ou pas, ne dépend pas des normes ou d’une politique de normalisation. Les normes ne brident pas les élans novateurs et la créativité des bâtisseurs de culture!

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