Atelier 703: Le concours en dialogue
Pour l’Atelier 703, le travail en amont – notamment la conception d’une image directrice solide et la concertation et la participation de la population – est la base d’une procédure de mise en concurrence réussie.
Quelle est la situation du concours en Suisse romande?
La suisse reste un des pays où la situation des concours est exceptionnellement intéressante. Pourtant, la question des jeunes bureaux reste complexe. Avec un accès très limité à la commande privée malgré de longues années d’expérience salariales sur le territoire helvète, les jeunes structures lancent leur va-tout sur les concours ouverts. En effet, l’absence de références et la complexité des procédures sélectives, condamne irrémédiablement tous espoirs de participation. En outre, le système de parrainage mis en place depuis peu, fonctionne épisodiquement et devrait certainement trouver l’appui de la SIA et de bureaux reconnus s’engageant sans détour à soutenir les jeunes bureaux.
Les concours ouverts sont la procédure qui permet le mieux de renouveler le marché et de faire émerger de nouveaux bureaux, Il faut sans doute les privilégier. La qualité des concours reste donc un facteur primordial car elle favorise la diversité des idées. Toutefois, nous sommes souvent confrontés à des études de faisabilité auxquelles nous devons répondre sans les remettre en cause, ce qui écarte la possibilité d’être acteur dans la construction ou le questionnement du développement territorial.
Le concours favorise-t-il l’expérimentation?
Le contexte des concours et de la production architecturale actuelle a passablement évolué depuis les années 1980-1990 : l’expérimentation n’est plus qu’une question liée à la création architecturale, mais plutôt une réflexion approfondie sur les nouvelles formes d’habiter (les programmes), les méthodes constructives et les matériaux en lien avec les enjeux climatiques, auxquels l’architecture doit impérativement apporter des réponses innovantes et précises. Il est vrai que les règlements sont plus stricts qu’il y a 30 ans, mais cela ne veut pas dire que l’imagination subit ce cadre normatif. Elle a pris la forme d’une recherche de solutions architecturales, ce qui implique un plus grand investissement en matière de ressources et de nombre d’heures de travail.
En Suisse alémanique, il y a une plus grande ouverture pour l’expérimentation, d’une part car les politiques sont plus ouverts à prendre le risque d’innover et de réinventer certains programmes, d’autre part car cette expérimentation se fait depuis plus longtemps qu’en Suisse romande.
Faut-il faire évoluer les concours?
Il y a une nouvelle tendance qui associe les meilleurs aspects de chaque procédure (SIA 142 et SIA 143), l’anonymat des concours ouverts et l’échange enrichissant du MEP. La démarche du concours Meyrin Cœur de Cité nous semble être un bon exemple: le premier tour, ouvert et anonyme, est récompensé par un prix à la hauteur d’un rendu synthétique: implantation et forme urbaine, compréhension de la problématique et approche au site. Le second degré, rémunéré et en équipe pluridisciplinaire, privilégie la qualité du travail développé par quatre équipes autour de deux dialogues qui permettent d’affiner la réponse architecturale.
L’échange oral est le point d’orgue de ce type de procédure. Elle fait participer autant les mandataires que le maître d’ouvrage et le jury. Cette méthode est plus avantageuse, d’une part pour le maître d’ouvrage (car elle permet d’établir un rapport de confiance avec le pool de mandataires), d’autre part, car elle valorise l’effort et le travail qui en résultent. Il est aussi important de reconnaître l’importance d’un jury engagé et varié, une condition primordiale à la qualité du jugement. L’expérience de Meyrin met en évidence un point important: le travail d’anticipation sous forme d’une image directrice solide et une population concertée et participative est l’essence même d’un programme de concours précis. En établissant en amont de bonnes bases, l’issue du concours ne peut être que positive.
Comment faire évoluer cette manière de faire? Une procédure hybride mêlant 142 et 143 et adaptée aux petits concours ? Pourrait-on exiger une plus forte implication du jury et du maître de l’ouvrage à chaque concours en leur offrant la possibilité d’exprimer plus clairement leurs souhaits et leurs attentes?
Ne devrait-on pas imaginer des cadres plus généreux où la ville se fabrique à plusieurs mains, ou les crayons s’entremêlent au sein de généreux ateliers ? Ne devrait-on pas être ensemble plutôt que dans l’ombre de nos ateliers respectifs, à dépenser argent et énergies, en s’évertuant à penser que notre idée est meilleure que celle du voisin?
Osons peut-être ouvrir le débat et refonder pleinement la manière dont nous pouvons, ensemble, collaborer, s’entraider, confronter les opinions de manière fructueuse et bienveillante pour fabriquer une ville résiliente et solidaire. Réfléchissions à de nouvelles occasions et temporalités pour installer un débat. En amont des procédures au sein de forum où chacun peut exprimer et partager sa vision du lieu et du programme.
atelier 703 est une agence fondée à Lausanne en 2016 par Maria João Cunha (1984*), Bastien Guy (1988*) et Eliana Barreto (1983*).
atelier 703 a participé à 12 concours, dont :
Pour accompagner le dossier thématique sur les concours de l'édition de janvier 2021 de TRACÉS, nous avons posé trois questions aux lauréats de concours d’architecture 2015-2020 de moins de 40 ans. Nous leur avons également demandé de choisir un concours déterminant dans leur jeune carrière ainsi qu'une référence.
- Atelier isaa: un besoin de renouvellement
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