Biennale sonore #4 – Des architectes entre deux continents
Il n’y a pas de pavillon algérien à la Biennale, dès lors comment y donner une place à ses architectes, dont une partie étudie ou exerce le métier à l’étranger? Meriem Chabani (New South) et Marine Gilouppe ont réalisé une tapisserie qui symbolise cette condition: trois foyers domestiques entre Alger, Paris et Bruxelles.
L’installation Mediterranean Queendoms évoque la diaspora des personnes nées sur le continent africain, en l’occurrence en Algérie, en mettant en scène dans une tapisserie les différents foyers de l’architecte Meriem Chabani, dans lesquels la domination féminine est avérée. L’installation évoque également le passage des frontières d’une personne vivant entre trois pays et donc, par métonymie, les relations Nord-Sud et certaines inégalités vécues, en particulier en lien avec le réchauffement global.
Pour cette édition de la biennale d’architecture, la commissaire générale Lesley Lokko a mis en relation décolonisation et décarbonatation, une manière de repolitiser les questions climatiques et de remettre sur le devant de la scène les pratiques du Sud. Pour Meriem Chabani, «Ça fait bien longtemps qu’on fait de l’écologie et il serait peut-être temps de le reconnaître, car en Afrique le gaspillage n’est pas permis.»
Conversation avec
Meriem Chabani, New South, Paris/Bruxelles
Marine Gilouppe, New South, Paris/Bruxelles
En exposition
Mediterranean Queendoms (Section Guests from the Future, Pavillon Centrale)
New South, avec Mélissa Dyminat et Marine Gilouppe
Description:
La Queendom auquel appartient Meriem Chabani est un espace intérieur continu qui s’étend sur trois villes, deux continents et la Méditerranée. C’est le territoire de sa famille: une infrastructure de soins complexes et intimes sur laquelle règnent ses femmes – sa mère, ses deux grands-mères et ses sept tantes.
Les maisons de la famille (à Vitry, à Paris, à Alger et à Batna) sont ses centres logistiques, rassemblant les membres de la famille en un même lieu pour les célébrations, les deuils et les fêtes. Les reines vont et viennent dans un flux permanent. Le calendrier est communiqué par des rumeurs qui peuvent s’avérer fausses par la suite.
Chaque personne présente est soignée, nourrie, transportée, distraite, habillée et expédiée avec des dattes, des enveloppes d’argent, des pots de miel, des restes de nourriture enveloppés dans du papier aluminium, des bijoux ancestraux, des tenues de mariage adaptées, des médicaments, des billets d’avion, des ragots et des secrets de famille, en fonction et au-delà des besoins immédiats de chacun et pour être distribués à celles et ceux qui, dispersé·es dans tout le Queendom, n’ont pas pu être présent·es. (Traduction du texte de présentation)