CS Studio architects: anatomie d'un rêve
Première monographie en français sur le travail de l’agence sud-africaine CS Studio Architects (Carin Smuts, Urs Schmid), Anatomie d’un rêve consacre plus de 30 ans d’une pratique engagée au service des plus démunis.
Depuis le premier projet de Carin Smuts dans un township à Cradock au début des années 80 – une école primaire pour 400 élèves et une bibliothèque – jusqu’à la rénovation de la réserve naturelle de Grootvadersbosch livrée en 2016, les 26 projets présentés révèlent leur dimension sociale et culturelle, tout autant que leur cohérence formelle. «Un bâtiment est avant tout un objet physique, tandis que sa réussite s’apprécie principalement par son usage», écrit Carin Smuts dans sa thèse en 19911, formulant déjà les bases du travail de l’agence. Auprès des populations les plus pauvres et les plus marginalisées d’Afrique du Sud, CS Studio Architects se fait l’artisan de la réalisation des besoins exprimés par les futurs usagers. Les projets sont collectifs et participatifs, les matériaux économiques et faciles à mettre en œuvre (tôle ondulée, briques, carrelage…), les chantiers créent localement des emplois. Ici, le mot «participation», si galvaudé sous nos latitudes, prend tout son sens. Couleurs, formes, matières, éléments décoratifs en céramique: si l’usage est au cœur de la pratique de CS Studio Architects, la matérialité, y compris dans sa dimension la plus fruste, s'exprime aussi avec force. La posture même de l’architecte est réinventée, comme le résume Carin Smuts à propos du projet de Cradock: «les architectes envisagent leur rôle comme catalyseurs d'une ambition collective à peine formulée, comme vecteurs de connaissance, de savoir-faire et de culture, qu'ils appliquent à un processus collectif dont ils ne peuvent contrôler ni le rythme, ni le calendrier».