Des maquettes de Peter Zumthor à Bregenz
Le Kunsthaus expose une partie de sa collection de plus de 300 modèles réduits dans le KUB Sammlungsschaufenster
Est-ce un hasard si l’une des œuvres représentées qui nous marque le plus est un projet qui vient tout juste d’être balayé par une votation populaire ? Peter Zumthor, adulé par certains et détesté par d’autres, seul Prix Pritzker suisse (2009) avec Herzog & de Meuron (2001), est peut-être l’architecte qui travaille le plus patiemment et le plus obstinément à des projets qui ne seront finalement jamais réalisés. Dans le cas d’Isny, bourgade allemande située à une trentaine de kilomètres au nord-est du lac de Constance, il s’agit d’une nouvelle porte d’entrée en ville, une tour de forme organique en véritables briques de verre. L’architecte, ses collaborateurs et plusieurs ingénieurs ont travaillé plus de trois ans pour un projet finalement rejeté en février 2012 avec 72 % de non.
Du prototype au relief
A Bregenz, ce projet est présent à travers trois types de maquettes. Un assemblage grandeur nature de briques et de mortier sert de prototype pour le mur, plusieurs tours en fil de fer et matière translucide montrent le projet au cinquantième (ci-dessus) et des volumes sculptés posés sur une planche (page de droite) figurent toute une partie de la ville afin de mettre à l’épreuve l’insertion de la nouvelle tour dans son contexte. Le fait de fabriquer des maquettes à des échelles différentes, du prototype d’un détail jusqu’au relief de l’ensemble d’un quartier, montre que Peter Zumthor utilise ces objets comme de véritables outils de travail. « Plus il y a d’ordinateurs, plus il y aura de maquettes », affirme-t-il dans un entretien enregistré lors de l’installation de l’exposition, mis à disposition des visiteurs sous forme d’audioguide.
Pour l’architecte, aucun logiciel, aussi sophistiqué soit-il, ne saura représenter la lumière, les matériaux, voire les sons qui fabriquent l’intérieur d’un bâtiment. La maquette est à ce titre essentielle non seulement pour présenter ou expliquer un projet à des tiers, mais avant tout pour tester des volumes, des matières, voire des procédés. L’exposition du Kunsthaus Bregenz (installée dans une annexe à deux pas du musée) montre ainsi divers objets qui ont permis d’expérimenter la mise en œuvre de la fameuse Feldkapelle Bruder Klaus à Wachendorf, près de Bonn, où Peter Zumthor a mis le feu à des troncs d’arbres rassemblés en faisceau et couverts de béton, afin de créer une sorte de grotte verticale, crénelée et noircie. Y figurent également le Kunsthaus lui-même, bien sûr, ou l’impressionnante forêt de poteaux cernée par deux miroirs où un trou de la taille d’un œil humain invite à jeter un regard à l’intérieur (il s’agit de la maquette du centre de documentation berlinois Topographie de la terreur, construit en partie puis démonté en 2004 suite à une décision politique).
Cette première exposition de maquettes de Peter Zumthor est conçue par Thomas Durisch, en étroite collaboration avec l’architecte, et fait la part belle à des lieux culturels. Pour 2013, il est prévu de lui donner une suite sur le thème du paysage, avec une autre sélection issue des quelques 300 pièces de la collection.
Architekturmodelle Peter Zumthor
Jusqu’au 28 octobre 2012, prolongation jusqu’à la fin de l’année envisagée.
KUB Sammlungsschaufenster, Bregenz
www.kunsthaus-bregenz.at