Du provisoire définitif
L’extension de l’école cantonale d’Uster par plusieurs modules de conteneurs devait répondre aux exigences élevées d’un bâtiment neuf tout en préservant les ressources.
Si cette façade pouvait parler, elle aurait beaucoup d’histoires à raconter: celle d’un lotissement à Zurich, celle du centre logistique de Siemens à Wallisellen, de la maquette du quartier Freilager à Zurich, de Bâle, de Winterthour, de Rotkreuz. Les histoires se rassemblent ici à Uster pour servir d’enveloppe aux salles de classe en conteneurs. Elles continuent à vivre sous les traits d’une nouvelle façade.
Mais chaque chose en son temps : le nouveau bâtiment est le résultat d’un projet pilote directement confié à baubüro in situ par l’Office des constructions du Canton de Zurich. Les deux bâtiments à deux étages complètent le campus existant de l’école du Parc avec 13 salles de classe supplémentaires, une salle des professeurs et des espaces de détente. La différence avec un bâtiment scolaire provisoire classique réside dans le fait que la durée d’utilisation a été fixée à l’avance à au moins 10 ans. La construction est donc soumise à des exigences d’accessibilité et à des prescriptions énergétiques plus sévères. Les deux corps de bâtiment inclinés l’un vers l’autre sont reliés à un ascenseur par une coursive. Les conteneurs usagés ont été transférés de l’école cantonale Im Lee de Winterthour à Uster, complétés par une extension en bois et dotés d’une façade isolée selon la -méthode efficace de in situ axée sur la réutilisation.
Rouge Wallisellen et bleu Rotkreuz
Habiller des conteneurs avec de la tôle trapézoïdale semble contradictoire. Mais l’expérience de la construction circulaire a montré que les tôles profilées usagées sont disponibles en grandes quantités, dans différentes couleurs et formats. Cela a également permis de répondre au souhait de la direction de l’école d’avoir une façade polychrome. Un jeu de rayures verticales a été créé à partir de deux couleurs, baptisées d’après les lieux d’utilisation précédents, le rouge Wallisellen et le bleu Rotkreuz, ainsi que du beige, pour rappeler les «Warming Stripes» zurichoises utilisées pour visualiser à long terme l’évolution des températures due au réchauffement global. Avec ce projet, bauburö in situ thématise ainsi le changement climatique tout en montrant comment contribuer à la réduction du réchauffement. Selon le bureau, la mise en œuvre d’éléments réutilisés dans ce projet permettra sans doute d’économiser 100 tonnes d’émissions de CO2 par rapport à une construction neuve d’un volume similair .
Mais tous les composants ne sont pas réutilisés. Parmi les nouveaux éléments, on trouve -notamment la structure porteuse pour la ventilation par l’arrière des tôles trapézoïdales, les panneaux de fibres souples situés à l’arrière et les encadrements de fenêtres.
La zone climatique
Les deux corps de bâtiment ne sont isolés et recouverts de tôles trapézoïdales que sur trois côtés. Le côté libre en longueur est ouvert sur un jardin d’hiver en bois de deux étages et de trois mètres de large. Ce coin détente pour les élèves et enseignants sert aussi de zone tampon non chauffée pour l’ouvrage. Cette zone climatique est ventilée par des fenêtres basculantes situées sur le bord supérieur du toit en appentis. L’articulation de la façade en bois s’adapte à la trame de 3 m des conteneurs situés derrière. La majeure partie de la façade est constituée de fenêtres toute hauteur. Certaines ont déjà été installées dans un lotissement zurichois, d’autres constituaient une erreur de commande dans un autre projet de construction. À l’étage supérieur, des balustrades à claire-voie usagées protègent contre les chutes. L’extension s’offre une petite excentricité avec un espace aérien au-dessus du coin salon du rez-de-chaussée. C’est aussi là que se trouve l’élément de construction du projet qui a le plus voyagé: une mosaïque en verre de l’artiste zurichoise Leila Peacock constituée de fragments de vitraux de la cathédrale de Chartres.
Le risque de la planification permanente
baubüro in situ ne dispose pas d’un stock d’éléments de construction usagés. Avec Zirkular, ils partent à la recherche d’éléments adaptés lorsqu’ils en ont besoin. Déconstruction et construction doivent donc coïncider dans le temps. Comment approuver une nouvelle façade dont l’apparence n’est pas encore précisément connue lors de la demande de permis de construire ? Pour l’Office des constructions du Canton de Zurich, ce type de collaboration a été une expérience inhabituelle qui a exigé de tous les participants beaucoup de flexibilité et un esprit de décision. Pour l’habillage des conteneurs, in situ a présenté à la commission du paysage urbain une sélection des couleurs les plus courantes de tôles obtenues très probablement en déconstruisant des hangars industriels dans un avenir proche. Pour la façade de la zone climatique, les architectes ont soumis différentes variantes. L’ensemble de la façade a donc été approuvé au niveau conceptuel. Aucune des variantes ne correspondait exactement à la version actuelle. La conception ne pouvait pas être planifiée aussi précisément qu’avec les modèles 3D et rendus photoréalistes d’aujourd’hui. Un changement rafraîchissant! L’Office des constructions est également très satisfait du résultat. Mais nul ne sait encore si une suite sera donnée au projet pilote.
École cantonale Uster
Maître de l’ouvrage: Hochbauamt Kanton Zürich
Architecture: baubüro in situ, Zürich
Structure porteuse: JägerPartner, Zürich / Lauber Ingenieure, Luzern
Construction de la façade: Baltensperger, Winterthur
Planification CVCS: Gerber + Partner, Volketswil
Physique du bâtiment: Raumanzug, Zürich
Planification PV: R+B engineering, Brugg
Facts & Figures
Réalisation: 2024
Coûts: CHF 7. 15 Mio.
Surface de plancher (SIA 416): 1911.9 m2
Volume (SIA 416): 6852.6 m3
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