En quête de lé­gè­reté

Ce dossier s'intéresse à la forme, celle que prennent des structures particulièrement légères et économes telles que les coques, les voûtes ou arches, qu'elles soient réalisées en béton, en pierre, en brique ou en terre.

Date de publication
06-09-2024

Ces derniers temps, nous avons beaucoup abordé les questions liées à l’impact environnemental des matériaux et des processus de mise en œuvre. Dans ce dossier thématique, nous nous intéressons d’abord à la forme, celle que prennent des structures particulièrement légères et économes telles que les coques, les voûtes ou encore les arches.

À l’occasion de l’exposition consacrée actuellement à Félix Candela au Pavillon Sicli, nous avons demandé à son commissaire de décrire les principes dégagés par cet architecte espagnol qui fit réaliser par sa société des dizaines d’ouvrages au Mexique. Le reportage photographique réalisé par l’architecte Lukas Ingold confirme que la plupart d’entre eux sont toujours utilisés et sont dans un très bon état de conservation (Lire l'article: Fé­lix Can­dela: fonc­tion, forme et élé­gance des coques en bé­ton). Inspiré par l’œuvre de Candela, Ingold a par ailleurs cherché à traduire sa pensée structurale dans un autre matériau: le bois (lire l'article: Faire beau­coup avec peu: les coques en bois). Quant au Pavillon Sicli, il a lui-même été réalisé par l’autre «maître du paraboloïde hyperbolique», l’ingénieur bernois Heinz Isler. L’architecte Yvan Delemontey décrit avec minutie toutes les phases de ce chantier exceptionnel, nous donnant à comprendre l’impressionnant travail de coordination qui lie les principes géométriques aux gestes de pose : coffrage, répartition du béton, stabilisation par la précontrainte (lire l'article: SICLI: la prouesse d’un chan­tier en images).

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Aujourd’hui encore, il n’est pas possible de saisir la complexité de ces structures légères sans interroger leur pertinence du point de vue économique. C’est pourquoi nous donnons la parole à des architectes et ingénieurs qui sont également entrepreneurs et qui se confrontent à des contraintes structurelles, matérielles, mais aussi normatives et surtout financières. Dans un long entretien, nous discutons avec Philippe Block des dalles RFS (Ripmann Floor System) actuellement mises en œuvre par la société Vaulted après des années de développement (lire l'article: Com­ment chan­ger les dalles en voûtes?). Pour ce professeur à l’EPFZ, l’emploi à grande échelle de dalles voûtées nervurées (et non armées) promet une économie considérable de matière. En l’occurrence le béton ; mais le principe structurel développé s’applique à tous les matériaux.

Ailleurs, Yousef et Elias Anastas (AAU Anastas) mènent depuis 2016 un impressionnant travail autour de la pierre structurelle, tandis que Pittet Artisans poursuit la tradition constructive des voûtes catalanes avec trois épaisseurs de briquettes de terre crue produites directement sur site (Lire l'article: Les voûtes ca­ta­lanes, dé­fis et pers­pec­tives). Enfin, l’entreprise genevoise Terrabloc se lance dans la production de hourdis en terre compactée: l’élément, actuellement testé en laboratoire, prendra la forme d’une voûte. Tous ces procédés ouvrent aujourd’hui des voies particulièrement intéressantes dans la quête d’une décarbonatation du bâti – quel que soit le matériau.

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