La bio­di­ver­sité, ga­rante de ren­ta­bi­lité et de qua­lité de vie

Pour la SIA, il ne fait aucun doute que la biodiversité est essentielle à un cadre de vie durable. L’Initiative biodiversité touche ainsi au cœur même de sa vision. Trois questions à Barbara Wittmer et Urs Rieder, membres du Comité SIA, au sujet de l’initiative et de son implication pour les concepteurs.

Date de publication
06-09-2024
Josef Adler
Responsable Aménagement du territoire à la SIA

Pourquoi la SIA soutient-elle l’Initiative biodiversité?
Urs Rieder: La SIA s’est engagée, avec ses membres, à œuvrer pour un cadre de vie durable. Or, il ne peut y avoir de cadre de vie durable sans une biodiversité en bonne santé. Cette initiative s’inscrit donc dans la droite ligne de cet engagement. La perte de biodiversité constitue, avec le changement climatique, l’un des plus grands défis de notre temps, et nous devons impérativement y mettre fin.

Barbara Wittmer: La biodiversité constitue le fondement même de notre existence. Sans elle, nous ne parviendrons pas à enrayer le changement climatique. À la mesure de cet enjeu, la biodiversité doit revêtir la même importance que d’autres moyens mis en œuvre pour la protection du climat. Le déploiement des énergies renouvelables nous permet désormais d’agir concrètement dans cet objectif. Mais il en va de la biodiversité comme du reste: plus les mesures seront prises tardivement, plus les dommages et les coûts engendrés seront grands. Cela se vérifie déjà aujourd’hui, au regard des conséquences matérielles des récents événements météorologiques. Pour préserver notre cadre de vie en Suisse, nous n’avons pas d’autre choix que de prendre soin de la biodiversité: celle-ci nous rend des services essentiels et améliore notre bien-être. Cet enjeu appelle une collaboration interdisciplinaire: en travaillant ensemble, les concepteurs seront en mesure de développer un cadre de vie de qualité en tenant compte de la biodiversité.

En cas d’adoption de l’initiative, les opposants prédisent un renchérissement de la construction et une impossibilité de déployer les énergies renouvelables. Que répond la SIA?
Urs Rieder: Je comprends très bien ces inquiétudes. Mais dans la pratique, on voit bien qu’un projet coûte plus cher lorsque des mesures doivent être prises pour résoudre un problème qui n’a pas été anticipé. C’est la même chose avec la biodiversité, j’en suis convaincu. Si elle est intégrée dès le début, le surcoût sera minime. À long terme, la prise en compte de la biodiversité s’imposera comme l’instrument le moins onéreux pour une construction adaptée au climat. L’adoption de l’Initiative biodiversité pourrait devenir l’incitatif qui permettrait de concrétiser la protection du climat.

Barbara Wittmer: En adoptant la loi sur l’électricité en juin dernier, la population suisse a déjà accepté de poser le cadre nécessaire à la protection du climat. La votation sur la biodiversité le 22 septembre prochain est non moins importante. Car en toute logique, qui veut protéger le climat veut aussi protéger la biodiversité : le tournant énergétique et la sauvegarde de la biodiversité doivent donc être traités de front. L’enjeu, dans la pratique, sera de parvenir à concilier les différents intérêts liés aux énergies renouvelables et à la biodiversité. Les infrastructures d’énergies renouvelables doivent pouvoir être déployées partout sauf dans les «biotopes d’importance nationale», ceux-ci représentant 2% du territoire national. Sur le reste du territoire, l’implantation de ces infrastructures doit continuer à faire l’objet d’une pesée des intérêts.

Notre cadre de vie, nos sites construits ont une identité. Les concepteurs doivent-ils activement la préserver au nom de la biodiversité?
Urs Rieder: Il est vrai que dans les esprits, «SIA» ne rime pas automatiquement avec «sauvegarde de la biodiversité». Et pourtant, au quotidien, nous œuvrons implicitement en sa faveur, notamment par nos appels à préserver les ressources naturelles et le bâti existant. La biodiversité est aussi liée à la préservation de l’existant.

Barbara Wittmer: Préserver, oui, mais pas dans le sens d’empêcher toute intervention, plutôt dans le sens de valoriser et de transformer l’existant. Vous l’avez dit : notre cadre de vie a une identité. Les lieux familiers et empreints de souvenirs sont ceux où il fait bon vivre. Aussi une gestion qualitative des sites construits, comme le centre historique d’un village, est-elle essentielle. Le «Système Davos de qualité pour la culture du bâti», élaboré en collaboration avec la SIA, nous fournit un instrument d’évaluation basé sur huit critères permettant un développement des lieux en phase avec notre époque, qui préserve leur identité historique sans pour autant les mettre sous cloche. Cette approche qualitative constitue aussi un gage de réussite pour le développement urbain, particulièrement en matière de logement: une qualité de vie accrue favorise l’acceptation par la société de la densification de l’espace urbain. Mais pour y parvenir, il faut des villes plus vertes, plus fraîches, des routes désengorgées : des villes où il fait bon vivre. La biodiversité, c’est tout cela. Ne pas la défendre entraînera à long terme une baisse de la rentabilité et de la qualité de vie.

Urs Rieder: Un cadre de vie durable implique une pesée des intérêts en amont et une collaboration interdisciplinaire. C’est ce pour quoi la SIA s’investit, forte de son immense bassin de savoirs et de compétences – et c’est ce qui nous permettra de surmonter, ensemble, les défis à venir.

Barbara Wittmer, membre du Comité SIA et présidente du conseil d’experts Aménagement du territoire; 
Urs Rieder, membre du Comité SIA et président du conseil d’experts Climat et énergie

Josef Adler, responsable Aménagement du territoire et groupe professionnel Environnement, josef.adler [at] sia.ch (josef[dot]adler[at]sia[dot]ch)
Jasmine Scheidegger, spécialiste Communication et affaires publiques / Content Manager, jasmine.scheidegger [at] sia.ch (jasmine[dot]scheidegger[at]sia[dot]ch)

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