La presse spécialisée face à la crise
Entretien avec le codirecteur d’espazium.ch
Cedric Van der Poel, codirecteur d’espazium.ch, décrit les défis actuels de la presse spécialisée et partage ses réflexions d'urbaniste sur les espaces urbains de Lausanne, entre attraits et critiques architecturales.
Thadée van der Poel: Cedric van der Poel, comment se porte la presse spécialisée dans la culture du bâti?
Cédric van der Poel: La presse spécialisée traverse une période difficile, à l’instar de la presse généraliste. Les revenus publicitaires diminuent de façon continue, ce qui nous oblige à trouver de nouvelles sources de financement et à nous diversifier. Chez espazium, nous avons la chance d’être soutenus par la SIA (la société suisse des ingénieurs et architectes) à hauteur d’environ 20% des coûts de production, mais pour les 80 % restants, nous devons faire preuve de créativité pour maintenir notre activité.
«Regrouper les musées à Plateforme 10 empêche les visiteurs de découvrir Lausanne.»
Vous avez un parcours en ethnologie. Comment en êtes-vous arrivé à travailler dans l’édition spécialisée?
Après avoir tenté une carrière académique et essuyé plusieurs refus de projets de recherche, j’ai pris un autre chemin. J’ai travaillé au Secrétariat d'État à la science et à la recherche, puis avec Xavier Comtesse, ancien directeur du Think Tank Avenir Suisse, sur une étude en aménagement du territoire1. À cette époque, Francesco Della Casa, ancien rédacteur en chef de la revueTracés et actuellement architecte cantonal de Genève, cherchait à renforcer les sciences sociales dans la revue. C’est ainsi que j’ai intégré les édition d'espazium, d’abord comme journaliste spécialisé, puis en m’occupant de la digitalisation, un projet que je pilote avec Nathalie Huonder à Zurich depuis 2016 avec le lancement de nouveaux sites et services en ligne.
Vous êtes aussi urbaniste. Y a-t-il des lieux à Lausanne que vous appréciez ou critiquez particulièrement?
J’aime particulièrement le parc Milan à Lausanne. C’est un espace vert bien conçu, avec des zones dédiées au sport, une fontaine utilisée comme piscine en été, et une diversité d’aménagements qui le rendent agréable et fonctionnel pour les habitant·e·s. Parc que j'apprécie également pour des raisons personnelles puisque j'y vais quotidiennement avec mon fils de 6 ans. En revanche, j’ai des réserves sur Plateforme 102, où les musées sont désormais regroupés. Bien que les bâtiments soient beaux, l’espace public autour est très minéral et manque de végétation, ce qui en fait un lieu peu accueillant. De plus, cette centralisation empêche les visiteurs de parcourir la ville comme avant, quand les musées étaient répartis dans des quartiers différents.
Entretien réalisé dans le cadre de la Journées des Métiers 2024
Notes
1. Xavier Comtesse, Cedric van der Poel, Le feu au lac. Vers une Région métropolitaine lémanique. Avenir Suisse, Zurich, 2006
2. Plateforme 10 accueille sur son site les 3 musées cantonaux vaudois du mudac, de Photo Elysée et du MCBA ainsi que les collections des fondations Toms Pauli et Félix Vallotton. (Lire également l'article Space is only noise)