L’ar­chi­tec­ture à l’écran : l’autre sio­nisme

Un mois sur deux, Tracés et le collectif Le Silo explorent à la Cinémathèque suisse les liens entre architecture et cinéma. La séance du mercredi 26 novembre, programmée dans le cadre de la rétrospective Amos Gitai, se penche sur une série pour la télévision créée en 2013 par le cinéaste israélien

Date de publication
19-11-2014
Revision
25-10-2015

Les seize films de la série Architecture en Israël/Conversations avec Amos Gitai ont cela d’inhabituel qu’ils traitent d’architecture en évitant de ne donner la parole qu’aux seuls architectes. On y retrouve des sociologues, des archéologues, des théologiens, des chercheurs, des historiens ou des écrivains.
L’hypothèse à l’origine de cette série serait donc que les clés pour comprendre l’architecture sont externes à la discipline. Le cinéaste Amos Gitai, fils de l’architecte formé au Bauhaus Munio Weinraub et lui-même architecte de formation, le sait et a conçu ces films à partir de cette évidence.
Et puisque c’est le non-architectural qui parle d’architecture, de quoi peut bien parler l’architecture ? La question est légitime et la réponse prévisible : elle parle d’histoire, de brassages, de guerres, de filiations, de fraternité et de dissension. Elle parle du politique, en donnant forme aux rapports conflictuels qui le constituent.
Les quatre films choisis pour cette séance exceptionnelle partagent tous ce souci du politique, et plus précisément de ce que Zvi Efrat, l’un des interviewés, appelle le projet israélien.
S’il est devenu difficile de lire aujourd’hui le projet urbain israélien autrement que comme une stratégie de conquête détournée, il est peut-être utile de rappeler cette autre filiation architecturale qui se trouve dans les projets communautaires collectivistes de la seconde moitié du 20e siècle.
Les quatre films projetés dans le cadre du cycle L’architecture à l’écran s’efforcent d’enrichir l’image simplifiée qui nous vient aujourd’hui de cette partie du monde. Non pour tenter un quelconque sauvetage dialectique de l’expansionnisme des colonies, mais pour rappeler que, dans un contexte différent, le « projet israélien » a pu être adossé à une vision humaniste.
Quatre films pour repenser le projet israélien, à partir de son architecture.

 

Informations

Projection du 26 novembre à 20 h 30 à la Cinémathèque suisse, casino de Montbenon / www.cinematheque.ch
Les villes nouvelles: Amos Gitai s’entretient avec Nahum Zolotov, figure incontournable du brutalisme israélien, décédé en mai 2014. Il raconte la planification et la construction de la ville de Beer Sheva, dans le désert du Néguev.
Le démantèlement de l’architecture collectiviste dans la société capitaliste: Yuval Yaski s’étend sur la désintégration progressive de l’utopie des kibboutz, dans le revirement individualiste des 30 dernières années. 
L’idéologie du kibboutz: Grand spécialiste des kibboutz, Muki Tzur analyse le rôle des architectes au sein des communautés collectives agricoles. Il souligne notamment l’importance de la mutualisation des tâches de la vie quotidienne. 
Le projet israélien: L’architecte Zvi Efrat dresse un parallèle entre la conception architecturale et l’édification nationale israéliennes.

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