Le goût de la pierre

Editorial du numéro 07/2019

Après le bois et la terre cuite, Tracés poursuit son exploration des filières de la construction et s’intéresse dans ce numéro à l’actualité de la pierre, matériau naturel, durable, recyclable, à faible énergie grise.

Date de publication
20-03-2019
Revision
21-03-2019

En Suisse, 90% des carrières de pierre de taille ont disparu en l’espace d’un siècle. Pourtant, la filière résiste. Celles qui subsistent sont parvenues à maintenir des volumes de production importants en se positionnant sur les marchés spécifiques de la restauration ou en fournissant des produits de parement et de dallage pour l’aménagement urbain. Quant à la construction en pierre massive, elle est progressivement tombée en désuétude avec l’avènement de la construction en béton après la Seconde Guerre mondiale. Une renaissance de ce mode constructif est-elle à l’ordre du jour?

C’est ce que veut croire Stefano Zerbi, spécialiste en Suisse de la construction en pierre massive, que nous avons questionné à ce sujet. Pour lui, les principaux obstacles ne sont pas d’ordre technique ni normatif, mais plutôt psychologique. Sans projets emblématiques contemporains auxquels se référer en Suisse, les acteurs du bâti craignent de se lancer sur un terrain qui reste à défricher.

Le projet de 68 logements à Plan-les-Ouates en cours de réalisation pourrait bien être le premier pas (la première pierre?) vers la réactivation de ce mode constructif. Nous en discutons avec Francis Jacquier et Marlène Leroux du bureau Archiplein. Les architectes mènent ce projet avec Gilles Perraudin, artisan du renouveau de la construction en pierre en France depuis une vingtaine d’années. Ils reviennent notamment sur le processus de conception particulier qu’imposent le matériau et ses contraintes d’exploitation et sur la nécessaire sobriété du dessin qui en découle. Enfin, l’historien Pierre Frey interroge le rapport de Fernand Pouillon à la pierre, à travers un texte en forme d’enquête, de la carrière de Fontvieille en Provence jusqu’aux cités d’Alger.

Ces contributions démontrent que les aspects techniques, économiques et esthétiques du matériau doivent nécessairement être appréhendés comme un tout. La pierre révèle alors un potentiel immense qui mérite une attention renouvelée.

Bonne lecture

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