Les Jeunes-Rives à Neu­châ­tel, en­fin!

Dix-huit ans après l’Expo.02, et après plusieurs revers et hésitations, un projet de parc urbain au bord du lac de Neuchâtel pourrait enfin voir le jour. Issu du concours Europan remporté en 2010 par le bureau frundgallina, soumis à une démarche participative en 2014, le projet devrait entrer prochainement en phase de réalisation sur un premier secteur. Dix ans, c’est le temps qu’il fallait pour que l’idée de parc, et la suppression de 300 places de stationnement, fasse son chemin.

Date de publication
29-01-2020

Gagné sur l’eau dans les années 1960, le terrain de sept hectares est composé d’espaces verts, d’une plage, d’une grande place minérale et d’une seconde en chaille ainsi que d’un parking à ciel ouvert de 300 places qui coupe la relation entre la ville et le lac. Après l’échec d’un projet de réaménagement en 2003, refusé par référendum (trop cher, trop de places de stationnement supprimées), la Ville a lancé en 2009 un concours Europan pour «faire le deuil d’Expo.02 et imaginer des aménagements pérennes» explique Antonio Gallina, du bureau neuchâtelois frundgallina, lauréat du concours. Seule proposition parmi les 36 reçues à supprimer intégralement le stationnement et de ne rien construire, le projet «Ring» est un parc public, inscrit dans un anneau réservé aux piétons et aux cyclistes. Après le rendu de l’avant-projet en 2012, la Municipalité, échaudée par l’échec d’un autre référendum sur le réaménagement de la place Numa-Droz en 2013, choisit de temporiser et soumet le projet, avec d’autres (les places Piaget, du Port et Numa Droz) à une démarche participative. Le bilan se révèle positif pour les Jeunes-Rives. «Dans la forme, le projet a évolué, mais les fondamentaux sont là», rappelle Antonio Gallina. Parmi ces fondamentaux, la réalisation d’un espace public de référence et à l’échelle de l’agglomération, l’agrandissement de la plage et l’équipement du parc avec quelques constructions dont un restaurant, un café-bain et des vestiaires. Des surfaces végétalisées remplacent le parking.

De la théorie à la pratique

Début 2020, enfin, un jalon est posé avec une demande de crédit de construction pour l’aménagement d’un premier secteur le long de la rive, qui devrait voir le jour en 2023. Le traitement complet de la rive serait ainsi concrétisé. Le sujet sensible du parking a été, lui, reporté à une seconde phase…

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En scindant ainsi le projet en deux, la Ville reculerait-elle devant l’obstacle? Pour Antonio Gallina, c’est un pari qu’il faut faire: «Après 18 ans de théorie sur ce site, le temps est venu d’agir. Pendant la réalisation de la première phase, la Ville peut réfléchir à des mesures d’accompagnement, et repenser – pourquoi pas – sa politique de mobilité à grande échelle, sur les transports publics, la tarification, les P+R, les modes doux. Ces dix ans d’études ont eu le mérite de mettre en débat la suppression du stationnement. L’idée a fait son chemin, lentement mais sûrement.»

Il serait temps. Nyon, Vevey et de nombreuses autres communes suisses se sont longtemps accommodées de vastes parkings en plein cœur de leurs centres historiques ou sur leurs berges. Les projets d’espaces publics lancés sur ces espaces idéalement situés montrent toute la plus-value sociale, environnementale et patrimoniale qu’il y aurait à «débitumer» pour retrouver des sols perméables et plantés, à offrir de nouveaux espaces de vie aux habitants, à retrouver les vues et les perspectives sur le grand paysage... Mais ils doivent être soutenus bien en amont par des politiques globales de mobilité, fortes et concertées, pour être acceptés par la population, les commerçants et les groupes de pression.

Aux Jeunes-Rives, les échéances sont fixées. Nous verrons si les élus ont le courage d’aller au bout de leurs ambitions et de réaliser les aspirations des Neuchâtelois telles qu’elles se sont exprimées lors de la participation.

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