Les ré­dac­teurs d'es­pa­zium à la con­quête de l'es­pace libre

Editorial du numéro 14-15/2018

Date de publication
18-07-2018
Revision
24-07-2018

Nous croyons que tout le monde a le droit de bénéficier de l’architecture », écrivent dans leur manifeste les deux curatrices de la 16e Biennale d’architecture de Venise, Yvonne Farrell et Shelley McNamara. Intitulée FREESPACE, l’édition 2018 se concentre sur cette donnée aussi fondamentale qu’ambiguë qui lie les architectes du monde entier : l’espace, libre et autonome, célébré pour ses qualités intrinsèques, sa propension à délimiter, rassembler, tout en étant support de beauté. Peu loquace, la vaste exposition libère les gestes esthétiques, essentiels. L’architecture y parle d’elle-même par elle-même, avec une myriade de maquettes au 1:1, qui sont autant de morceaux d’architecture à expérimenter.

Cette biennale a soulevé beaucoup d’interrogations et les quatre rédactions d’espazium dépêchées sur place – Archi, TEC21, Tracés et espazium.ch – ont porté un regard plutôt critique sur celle-ci. Le numéro 3 d’Archi s’intéresse aux chapelles commanditées par le Vatican sur l’île de San Giorgio Maggiore et à l’enseignement de l’Accademia di architettura di Mendrisio, qui fait l’objet de deux contributions à la Biennale. Dans le numéro 4 paraîtra une critique du pavillon de la Suisse – couronné par le Lion d’or. Elle fait suite à celle que Christophe Catsaros livre dans ce numéro de Tracés, à propos de la normalisation de l’espace domestique que soulève ce pavillon. Stéphanie Sonnette interroge le désengagement social qui traverse cette biennale et la fascination pour les objets qui y sont exposés. Plus optimistes, Danielle Fischer et Hella Schindel dans le numéro 28-29 de Tec21 ont identifié quelques applications réussies du FREESPACE, notamment dans les pavillons de la Belgique, de l’Australie et de la Suisse. Quant à Judit Solt, elle juge les contributions des architectes à l’Arsenal agréables sur le plan esthétique mais assez futiles dans leurs propos. Dans ce numéro de Tracés, Mounir Ayoub relève l’opportunité manquée par l’événement de s’intéresser sérieusement au continent africain, quasiment absent d’un rendez-vous qui se veut international. Enfin, Momoyo Kaijima et Laurent Stalder, commissaires de la magnifique exposition du pavillon du Japon, nous livrent dans un entretien leur vision du dessin comme outil pour mener une critique anthropologique de l’espace.

Bonne lecture et bon été, à Venise ou ailleurs.

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