Aphorisme 23
«...mais par-dessus tout: la lumière!»
J’ai suivi, comme des centaines d’étudiants, l’enseignement de Luigi Snozzi. À l’époque, la section d’architecture ne se trouvait pas sur le campus de l’EPFL, à Ecublens, mais en centre-ville, Sous-Gare. C’était une petite communauté très soudée. Lorsque les étudiants ont réclamé que Snozzi soit nommé professeur ordinaire, ils sont allés faire un sit-in devant le bureau de la présidence, à Écublens. Nous arborions alors des pin’s «Snozzidarnòsc», dessinés par Franco Patà, un jeu de mot en référence au mouvement social Solidarność, qui faisait opposition dans les années 1980 au régime de la République populaire de Pologne.
Mais même avant sa nomination, tout le monde venait écouter Snozzi lorsqu’il était expert extérieur, comme lors des critiques de l’atelier de Pierre von Meiss. Ce qui était fascinant, c’était sa faculté de toujours trouver un potentiel, dans n’importe quel projet, même le plus médiocre. Snozzi investissait tellement de temps avec les étudiants en difficulté, leur trouvant toujours une bonne idée, un fil rouge, au point que ceux qui avaient plus d’aisance finissaient par se plaindre. Il était capable, par l’analyse très pointue, de faire de l’architecture à partir de n’importe quelle situation.
Deux de ses aphorismes m’ont particulièrement marquée, et continuent de donner sens à ma pratique. Le célèbre «...mais par-dessus tout: la lumière!», bien sûr, mais aussi l’aphorisme qui invite à la simplicité technique: «Quel gaspillage d'énergie, quelle dépense pour aérer, chauffer, éclairer... Lorsqu’il suffit d'une fenêtre!». Je trouve qu’à notre époque, où les enjeux climatiques deviennent cruciaux, et où le débat sur la pertinence des labels énergétiques fait rage, il est important de se rappeler que quelque fois il faut revenir aux fondamentaux de l’architecture pour trouver la solution.
Doris Wälchli, architecte, associée du bureau Brauen Wälchli à Lausanne. Étudiante du professeur Luigi Snozzi de 1986-1987, et diplômée sous sa direction en 1988 à l’EPFL
Autres témoignages
Olivier Fazan, étudiant puis assistant de Luigi Snozzi à l’EPFL de 1987-1997
Kaveh Rezakhanlou, étudiant puis assistant du Professeur Luigi Snozzi de 1991 à 1997
Ariane Widmer, étudiante de Luigi Snozzi de 1984-1986 à l’EPFL
Patrick Berger, professeur honoraire EPFL