Séisme dans la cons­truc­tion tra­di­tion­nelle

Le 25 avril 2015, un violent séisme a frappé Katmandou, la capitale népalaise. Avec un épicentre situé 80 km au nord-ouest de la ville et une magnitude Mw de 7,8, il s’est soldé par la mort de 8786 per- sonnes, l’effondrement de 80 000 maisons et de lourds dommages à des bâtiments tant neufs qu’historiques. L’organisation humani- taire suisse Rokpa était alors au beau milieu de la phase d’étude de l’Akong Rinpoche Memorial Center, un centre qui offre aux mères sans ressources une formation et un emploi de couturière et à de jeunes Népalais motivés mais démunis une formation aux métiers de l’hôtellerie. Les dommages aux bâtiments proches ont conduit le maître d’ouvrage à faire vérifier la structure envisagée pour cet immeuble de quatre étages et à la reprendre là où cela s’imposait.

Se concentrer sur l’essentiel

Bronzini a ainsi fait renforcer la construction et modifier certaines dispositions constructives. Au dernier niveau des établissements d’enseignement et au dernier niveau de risque sismique, le bâti- ment s’est vu doter d’un sous-sol sur toute son emprise, une dispo- sition inhabituelle à Katmandou en raison du coût et des problèmes d’étanchéité. Le socle en béton armé coulé en place fonctionne comme une boîte rigide stable, qui bloque l’ossature en béton armé des étages. L’ensemble est fixé aux fondations, ce qui est essentiel compte tenu du niveau des actions sismiques attendues.

L’ossature à portiques offre de la souplesse et de la liberté dans l’aménagement intérieur. La délimitation des espaces – en façade ou à l’intérieur – est obtenue par des panneaux de remplissage en briques. Toutefois, cette délimitation reste souple. En effet, en cas de séisme, un remplissage trop rigide pourrait entraîner des dom- mages élevés, voire l’effondrement. Face à ce risque, les ingénieurs avaient tenté d’adopter des remplissages déformables, en bois ou préfabriqués: des matériaux trop chers ou indisponibles, ou dont il manquait le savoir-faire nécessaire à leur mise en œuvre. D’où le recours à la construction traditionnelle avec des panneaux de remplissage en maçonnerie, adaptée de manière déterminante, une solution bon marché et flexible.

Tradition et parasismique – visible et caché

Contrairement à l’usage, le remplissage, en particulier les allèges, n’est pas monté au contact direct des poteaux, mais en est séparé par des joints de 3 cm de manière à éviter un comportement dommageable en cas de séisme, avec rupture par cisaillement des poteaux ou bien effets du second ordre majeurs, suite à une déformation plastique de ces derniers. Les joints sont garnis d’un matériau compressible et obturés par des bandes souples, découpées dans des tapis de sol et cachées par l’enduit. Cette solution, plus chère que le remplissage sans joints, a l’avantage de combiner les techniques de construction locales avec les règles de l’art actuelles.

Une version plus détaillée de cet article est parue précédemment dans la publication «L’art des ingénieurs suisses 2017/2018» (voir ci-dessous).

Données du projet
 

Maître d’ouvrage
Rokpa International, Zürich

Architecture
Anil Kumar Shrestha, Kathmandu
Jolles Architekten, Zürich

Structure
Prakina Tuladhar, Kathmandu

Mesure des séismes
Gianfranco Bronzini, Conzett Bronzini Partner, Chur

Informations concernant la publication

Schweizer Ingenieurbaukunst – L’art des ingénieurs suisses – Opere di ingegneria svizzera – 2017/2018
Clementine Hegner-van Rooden et al.
Espazium – Der Verlag für Baukultur, Zürich 2018, 128 pages, 21 × 29.7 cm. Couverture souple.
En trois langues: français, allemand, italien, nombreux plans et illustrations en couleurs,
ISBN: 978-3-9523583-8-2, 49.– Fr.;
disponible en librairie ou par e-mail à buch [at] espazium.ch (subject: L%27art%20des%20ing%C3%A9nieurs%20suisses) (buch[at]espazium[dot]ch)
 

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