Su­ré­le­ver en lé­gè­reté à la rue Wendt

À Genève, les architectes de Lacroix Chessex ont surélevé un immeuble de deux étages d’appartements lumineux et de grande qualité.

Date de publication
24-10-2024

Les architectes du bureau Lacroix Chessex se sont illustrés dans la thématique des surélévations avec l’opération très remarquée à la rue de Lausanne à Genève, achevée en 2020. Ce projet, issu d’un concours privé organisé en 2012, avait alors été célébré dans plusieurs contextes comme exemplaire, car il faisait la démonstration que les contraintes imposées dans le cadre d’un tel exercice pouvaient mener à la création de typologies de logements audacieuses. Dans ce cas, l’immeuble existant pouvait supporter trois étages en béton armé, inscrits dans la continuité de son écriture tectonique.

C’est peut-être ce succès qui a conduit les architectes à être invités à un concours sur esquisse par le groupe Pensimo pour surélever une barre de logements située à l’avenue Wendt. Cette fois, l’immeuble des années 1950 ne peut pas supporter des charges aussi importantes et impose de travailler avec une masse réduite. Cette condition oriente tout naturellement les architectes et les ingénieurs à se tourner vers une structure bois, pour développer une architecture qui exprime lisiblement ce parti de la légèreté. Ils peuvent ainsi marquer un contraste avec la façade maçonnée recouverte de crépi blanc, en proposant une surélévation très aérienne, comme si la construction avait été délicatement posée sur la barre d’immeuble. Bien que relativement banal, celui-ci est caractérisé par son dernier étage en retrait et coiffé d’un avant-toit, une sorte de petite casquette très fine qui court sur tout le long de la façade. En quête d’un élément de contexte fournissant une analogie à laquelle s’accrocher, les architectes se sont laissé inspirer par le curieux petit chalet aux poutres -apparentes qui marque l’entrée de la rue, et vont dès lors proposer une expression tectonique légère mais rigoureuse correspondant au matériau bois, liant structurellement l’intérieur et les balcons périphériques. Un peu comme si on avait posé un chalet en madrier sur une barre moderniste.

Cet article est paru dans le numéro spécial «La ville en bois - Immeubles résidentiels en bois, financement durable». Vous trouverez d'autres articles sur la construction en bois dans notre dossier numérique.

Une tâche difficile

Le projet se décrit comme une stratification de plateaux posés sur un joint creux et recouverts de bardages en panneaux d’épicéa prégrisé. Les dalles collaborantes sont composées de 12 cm de béton sur une dalle bois (coffrage perdu). Elles reposent sur de grandes poutres BLC qui prennent appui sur les murs de refend dans toute la longueur du bâtiment.

À l’intérieur, la position des murs et des cloisons est entièrement déterminée par la trame structurelle (60 cm), une exigence qui, au dire de l’architecte Simon Chessex, aurait facilité la coordination entre le charpentier et les entreprises durant la mise en œuvre. Les typologies jour/nuit, traversantes ou ouvertes sur deux façades, reposent sur ce calepinage, aboutissant à des petites chambres de plan carré, généreusement éclairées.

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Parfois les surélévations sont construites maladroitement, sans prendre en compte les qualités architecturales de l’existant. Il est vrai que c’est l’un des exercices les plus difficiles donnés aux architectes, étant donné les nombreuses contraintes: surélever, ce n’est pas dessiner seulement les étages supplémentaires, mais bien redessiner un ensemble, celui formé par la rencontre de l’ancien et du nouveau. Dans ce cas, la surélévation agit par contraste, mais aussi comme révélateur des particularités de l’immeuble. Bien visibles dans les pignons, les quatre poutres de la surélévation renforcent l’axe de symétrie de l’immeuble qui était pratiquement insoupçonné jusque-là.

D’un point de vue économique, enfin, une telle opération est évidemment très coûteuse. Mais l’investisseur qui compare ce type d’intervention avec le coût d’une démolition-reconstruction complète aura vite fait le calcul. Au final, on ne parle ici «que» de 12 logements créés.

Or avec l’exigence de densifier vers l’intérieur, les surélévations vont se multiplier. Il n’y a pas vraiment de mode d’emploi : chaque opération dépend fortement de la situation. Ici, sur un axe situé dans un quartier apprécié et à proximité de la gare de Cornavin, l’investisseur s’y retrouve, mais à condition de proposer des logements et une architecture de grande qualité.

Participants au projet

Maîtrise d’ouvrage: Pensimo, Zurich

Architecture: Lacroix Chessex, Genève

Génie civil : Moser Ingénierie, Genève

Parquet: Bauwerk Group, St. Margrethen

Appareils sanitaires:  Gétaz-Miauton, ­St-Légier-La Chiésaz

Stores: Griesser, Lausanne

Fenêtres: Veralubois Veraluplast,  Romanel-sur-Morges

Portes palières et portes intérieures:  Wider, Région Genève

 

Bâtiment

Surface de plancher ( SIA 416 ): 1150 m2

Immeuble existant: 1957

 

Bois et Construction

Construction: sapin

Bois origine: Europe

 

Dates et coÛts

Concours sur esquisse: 2018

Livraison surélévation: 2023

Bâtiment (CFC 2): 6.6 Mio CHF

Coûts (CFC 1-9): 7.5 Mio CHF

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