Ap­prendre de la trans­pa­rence

Centre d'études de l'Université technique de Brunswick (TU Braunschweig)

Lauréat du prix Mies van der Rohe 2024, le pavillon d’études de la TU Braunschweig, conçu par les architectes berlinois Max Hacke et Gustav Düsing, brille outre frontières. Son usage et sa modularité qui renvoie inexorablement au Learning Center de l’EPFL, ainsi que le démontage potentiel de ses façades construites en verre et en acier, ouvrent un nouveau champ des possibles dans le domaine des espaces d’étude.

Date de publication
29-04-2024

L’article 4 du règlement de la TU Braunschweig ne laisse place à aucun doute : «il est interdit d’y passer la nuit ou d’y organiser des soirées.». Bien que cela soit tout à fait envisageable. Le nouveau pavillon des étudiants est tellement aérien dans son environnement qu'il est impossible d'en déduire un but précis. Il s'intègre harmonieusement dans le campus, entre la rive arborée de la rivière Oker et le campus. On peut y voir des analogies avec l'imposant Okerhochhaus (l’immeuble de grande hauteur de l’architecte Dieter Oesterle, de 1956), qui se dresse à l’arrière comme un frère protecteur. Exemple emblématique du «matérialisme réductionniste» de l’école de Braunschweig, qui s’est fait un nom dans l’après-guerre, la construction modulaire et l’utilisation précautionneuse de matériaux simples jouent un rôle prépondérant.

À la différence de l’immeuble voisin de 58 m de haut, le pavillon des étudiants, disposé sur deux niveaux, est d’une transparence maximale. Et cela doit s’entendre de façon programmatique : sa présence discrète, réduite à une structure spatiale logique, peut être interprétée comme le symbole d'un format cherchant à soutenir de nouvelles formes d'apprentissage.

Des lieux d'apprentissage

Initialement conçu comme un concours entre les collaborateurs scientifiques de la faculté d'architecture, le projet visait à créer un bâtiment qui perpétuerait la culture des salles de dessin de Braunschweig, une tradition d'appropriation des espaces vides en tant que lieux sociaux. Avec la dissolution des structures d'apprentissage habituelles, accélérée par la pandémie, le nouveau bâtiment est désormais ouvert à toutes les facultés et également aux personnes intéressées extérieures à l'université. Environ 200 postes de travail sont disponibles chaque jour de 8h à 22h.

L’utilisation animée qui y règne se projette dans l’environnement du bâtiment et son intégration dans l’espace public. Des groupes de travail se réunissent de part et d’autre de la façade vitrée, et parfois des étudiants occupent un espace pour eux seuls. Les chaises et les tables sont si compactes et légères que les utilisateurs peuvent les placer selon leurs besoins.

Architecture sans hiérarchie

Le plan intérieur est structuré sur une grille de piliers de 3m × 3m × 3m, avec huit modules répartis sur deux étages. Le toit couvre une rangée supplémentaire de modules périphériques à l'extérieur et protège le corps principal du bâtiment. Au premier étage, cinq escaliers simples sont connectés, servant à la fois de voies d'évacuation et d'espaces de communication. À l'intérieur, quatre autres escaliers permettent de circuler entre les étages. Le bâtiment est accessible des deux côtés et n'a donc pas de façade principale.

La présence de connexions verticales renforce le caractère tridimensionnel qui est à l’origine du projet : escaliers, accès, vides et passerelles se succèdent et font émerger au sein même de la trame des situations et perspectives variéesUn noyau central renforcé abrite, au rez-de-chaussée, des salles annexes et un kiosque, tandis qu'à l'étage supérieur, on peut s'y retirer pour des réunions ou des présentations.

Espaces démocratiques, enveloppe presque invisible

Des rideaux jaunes, suspendus à une courte distance du plafond, apportent une structure à l'espace intérieur, teinté de gris clair. Ils servent non seulement d'ancrage visuel, mais ont également une efficacité acoustique. En combinaison avec des panneaux muraux recouverts de tissu, des tapis et des éléments de plafond disposés comme isolation acoustique, ils contribuent à un environnement étonnamment calme.

Le reste du mobilier reste discret : les lignes de vue glissent au-dessus des chaises et des tables. Seuls quelques casiers de rangement et des cloisons mobiles esquissent des délimitations. Un revêtement de sol sans joint lie les chemins et les zones de séjour en une surface continue, soulignant leur équivalence. Les utilisateurs sont libres d'apprendre en silence ou en groupe, de se tourner vers l'extérieur ou vers l'intérieur. Il n'y a pas de places privilégiées et chaque espace peut être personnalisé. Un après-midi ordinaire pendant les vacances universitaires, le bâtiment est animé et contribue, avec la discrétion qui lui est propre, à la perception de la vie étudiante dans l'espace urbain.

Le bâtiment n’est rien de plus qu'une enveloppe presque invisible. Une enveloppe qui encourage les formes d'apprentissage libres, aussi bien individuelles que collectives. Comme telle, cette enveloppe peut à tout moment être repensé, reconstruit, surélevé, déplacé ou récupérer son état original en démontant la façade en pièces détachées. 

[Vidéo] 

 

Construction de la maison des étudiants de l'Université technique de Brunswick en mode accéléré (27 secondes)

Centre d'études de la TU Braunschweig

  • Architecture: Gustav Düsing & Max Hacke, Berlin
  • Structure porteuse: Knippershelbig, Berlin
  • Direction de la construction: iwb Ingenieure Generalplanung, Braunschweig
  • Technologie du bâtiment: energydesign braunschweig, Braunschweig
  • Type de construction : Construction hybride en bois
  • Structure porteuse : Acier
  • Nombre d'étages : 2
  • Volume brut : 4032 m³
  • Surface brute au sol : 900 m²
  • Surface utile : 1000 m²
  • Coût total (hors terrain) : 5'200'000 euros
  • Achèvement : Janvier 2023

Distinctions

 

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