Grêle: comment protéger les bâtiments de manière adéquate?
En Suisse, les dommages causés aux bâtiments par la grêle s’élèvent en moyenne à plus de 50 millions de francs par an. Dans le cadre du projet «Climatologie de la grêle en Suisse», la SIA a, conjointement avec des partenaires des secteurs privé et public et sous la direction de MétéoSuisse, élaboré des cartes nationales des dangers de grêle.
La grêle est généralement considérée comme un danger naturel contre lequel on ne peut se prémunir. Pourtant, l’ampleur des dégâts qu’elle peut causer aux bâtiments dépend de l’épaisseur des matériaux et du type de construction. Cela signifie donc que nous ne sommes pas impuissants face à ce phénomène. En effet, pour protéger un bâtiment de manière adéquate contre la grêle, il est nécessaire de connaître la taille des grêlons et la fréquence des averses. De nouvelles bases permettent désormais d’obtenir des informations à ce sujet. Dans le cadre du projet «Climatologie de la grêle en Suisse», plusieurs partenaires des secteurs privé et public ont, sous la direction de MétéoSuisse, mis au point de nouvelles cartes nationales des dangers de grêle. La SIA a participé à leur élaboration afin de les rendre exploitables dans la pratique. Jusqu’à présent, les bases existantes pour évaluer le danger de grêle reposaient sur des données obsolètes, utilisaient des méthodes différentes et n’étaient donc comparables entre elles que dans une mesure limitée.
33 jours de grêle par an
Les nouvelles cartes des dangers de grêle montrent que la Suisse compte en moyenne 33 jours de grêle par an. Le sud du Tessin, l’Emmental, l’Entlebuch, ainsi que les régions du Napf et du Jura sont les endroits plus fréquemment touchés par les averses de grêle. D’autres évaluations montrent que des averses de grêlons de deux centimètres de diamètre – soit environ la taille d’une pièce de 1 franc – se produiront tous les dix ans et ce, presque partout en Suisse. Des grêlons de trois centimètres de diamètre s’abattront sur le pays tous les 20 ans alors que des grêlons de quatre centimètres toucheront certaines régions tous les 50 ans. Seules certaines zones du Valais, des Grisons et certaines régions au cœur des Alpes ont tendance à être plus épargnées.
D’après les calculs, en 50 ans, le risque qu’un bâtiment soit touché par des grêlons d’une taille supérieure à trois centimètres s’élève à plus de 90%. Les nouvelles recherches confirment la recommandation du site Internet «Protection dangers naturels» d’utiliser des éléments de construction dotés d’un indice de résistance à la grêle de minimum 3 (RG 3).
Test de résistance à la grêle des matériaux de construction
Pour déterminer la résistance à la grêle des éléments et matériaux de construction, ceux-ci sont testés en laboratoire. Parmi les critères d’évaluation – variables selon les produits – on retrouve l’étanchéité, la translucidité, l’effet pare-lumière, la mécanique et l’aspect. Lors des tests, des billes de glace de différentes tailles sont projetées sur les éléments de construction. En fonction du dommage survenu, ces derniers sont répartis dans l’une des cinq classes de résistance à la grêle: RG 1 à RG 5. Un indice de résistance à la grêle RG 3 signifie qu’un matériau résiste sans dommages à la chute d’un grêlon de trois centimètres de diamètre pesant 12,3 g et tombant à une vitesse de 86 km/h. La liste des éléments testés est à consulter dans le «Répertoire grêle» disponible en ligne.
Par ailleurs, des grêlons de deux à trois centimètres de diamètre suffisent à endommager les systèmes composites d’isolation thermique extérieure. La résistance à la grêle des matières plastiques (coupoles d’éclairage, p. ex.) peut diminuer en seulement quelques années. Les protections solaires telles que les stores à lamelles sont encore plus sensibles : des grêlons d’un à deux centimètres peuvent déjà causer des dégâts considérables. Pour éviter les dommages, les établissements cantonaux d’assurance ont développé le système « Protection grêle – tout simplement automatique » grâce auquel les stores remontent automatiquement en cas d’averse de grêle. Quant aux vitres, elles sont moins vulnérables que les stores à lamelles: le test de résistance à la grêle a révélé que les vitrages standards actuels résistaient à des grêlons d’au moins trois centimètres.
La grêle et la norme SIA 261/1
La norme SIA 261/1 Actions sur les structures porteuses – spécifications complémentaires préconise une protection des bâtiments normaux (classe d’ouvrage I) contre les averses de grêle survenant tous les 50 ans. Si l’on compare la carte présentée dans ladite norme avec les nouveaux résultats, on remarque que la Suisse occidentale doit elle aussi s’attendre à être touchée par des grêlons de trois centimètres de diamètre. Pour certaines régions, ces derniers atteindront même quatre centimètres. La commission SIA 261 examine actuellement les nouvelles bases et proposera d’éventuelles adaptations de la norme SIA 261/1. Pour l’heure, la carte des zones de grêle figurant en annexe G1 de la norme reste valable.
Pour garantir une protection adéquate et pérenne des bâtiments contre la grêle, une collaboration étroite entre les concepteurs et les maîtres de l’ouvrage est essentielle. Bon nombre de dommages, directs et indirects, pourraient ainsi être évités. Cela témoignerait également d’un effort en faveur d’un mode de construction plus durable d’une part, et de l’adaptation au changement climatique d’autre part. Cette démarche et ses différentes phases sont expliquées dans la documentation SIA D 0260 Intégration des dangers naturels dans la conception et la planification des bâtiments.
Informations complémentaires
Consultation des dangers à l’emplacement et mesures de protection
Cartes des dangers de grêle, 10, 20 et 50 ans (entrer «grêle» dans la barre de recherche)
Climatologie de la grêle en Suisse
Matériaux de construction testés contre la grêle
Dispositif automatique de commande de stores «Protection grêle – tout simplement automatique» des établissements cantonaux d’assurance
Page Web de la SIA sur les dangers naturels
Norme SIA 261/1 Actions sur les structures porteuses - Spécifications complémentaires (édition 2020)