Trois pavillons sous un même toit pour marier science et culture
Le campus de l'EPFL continue sa mue
Le bureau japonais Kengo Kuma & Associés a remporté le concours d'architecture pour l'aménagement de la place Cosandey à l'EPFL. D'un coût de 30 millions, le projet "Under One Roof" rassemblera trois pavillons sous un même toit: le Montreux Jazz Lab, un laboratoire muséal et un espace d'accueil.
Kengo Kuma et leurs partenaires zurichois Holzer Kobler Architekturen à Zurich ont réalisé un projet de rêve, a déclaré vendredi devant la presse Patrick Aebischer, président de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). La simplicité du bâtiment, sa modestie, son ouverture sur la place centrale de l'EPFL et vers le lac ont fait l'unanimité auprès du jury qui l'a choisi parmi douze propositions du monde entier.
"Under One Roof" reliera le nord du campus au sud, juste en face du Learning Center. Il s'étirera délicatement en longueur tout au long de la place Cosandey. Le bureau Kengo Kuma qui a réalisé un musée pour le Fonds d'art contemporain de Marseille et la Cité des arts de Besançon (F), a privilégié l'utilisation de matériaux naturels, tels le bois et la pierre. La grande toiture qui connecte le métro au lac est inspirée de la construction traditionnelle des chalets suisses, mais a été dotée d'une forme contemporaine, ont expliqué les architectes.
Art et jazz
La genèse du projet remonte à une discussion avec Claude Nobs. Il y a cinq ans, nous nous sommes penchés sur le problème de la préservation des archives du Montreux Jazz Festival, a expliqué M.Aebischer. La deuxième étape a été la rencontre avec le collectionneur d'art et entrepreneur vaudois Jean Claude Gandur. Prêt à exposer ses oeuvres au public, il s'est montré très intéressé par l'application des humanités digitales aux arts plastiques, a relevé le président de l'EPFL.
Musée de demain
"Under One Roof" symbolise en effet le pont entre la science et la culture dans une école qui réunit 120 nationalités, s'est réjoui le collectionneur. Dans le pavillon nord, la fondation Gandur pour l'art mettra à disposition sa collection dans le but d'inventer la technologie muséal de demain et de faire venir les enfants au musée, a-t-il expliqué. Toutes les applications techniques sont envisageables, de la 3D à l'hologramme en passant par l'éclairage. Les possibilités pour jouer avec les objets sans les toucher sont infinies.
Musique et art en chanson
"Il ne s'agira pas d'un musée stricto sensu avec 750 oeuvres, mais nous utiliserons quelques objets symboles d'une culture", a poursuivi le collectionneur. Il est prévu au début de réaliser une exposition par année sur une civilisation. "Si ce programme fonctionne, nous prendrons notre bâton de pèlerin pour le proposer aux grands musées du monde", a ajouté M.Gandur. A commencer par le futur pôle muséal lausannois avec lequel des collaborations sont déjà prévues.
Tout au sud, le Montreux Jazz Lab accueillera un Montreux Jazz Café qui s'ouvrira vers le lac. Il comprendra également une salle de spectacle et de concert. "Des tablettes de recherche développées par le MetamediaCenter de l'EPFL permettront aux visiteurs de découvrir les 5000 heures d'archives du festival actuellement en cours de numérisation", a indiqué son directeur Claude Nobs.
Partenariat public privé
Enfin au centre, un pavillon de démonstration de 550 m2 disposera d'un espace de présentation des activités de l'école. Une salle de réunion permettra de recevoir les 1000 délégations qui visitent les lieux chaque année.
L'initiative de l'EPFL a été saluée par le Conseil d'Etat vaudois. Le projet sera réalisé d'ici fin 2014. Son financement fait l'objet d'un partenariat public privé. La Confédération verse 15 millions et la Fondation Gandur pour l'art cinq millions. D'autres partenaires, parmi lesquels Rolex et la Fondation Göhner, participent à hauteur de sept millions.