Ve­nise, ten­ta­tive de dé­chif­frage

13e Biennale d'architecture de Venise

Quel peut être le terrain d’entente commun entre les architectes et la société ? Et comment le fabriquer ? Voilà les questions auxquelles tente de répondre, jusqu’au 25 novembre, la 13e Biennale d’architecture de Venise. Sous la direction de David Chipperfield, il s’agit d’explorer ce qui constitue le liant entre la profession et le commun des mortels, leur Common Ground.

Date de publication
15-10-2012
Revision
19-08-2015

« On peut, à raison, accuser notre profession d’avoir encouragé le star system, avec la complicité des médias, et de s’être pavanée avec des édifices spectaculaires et isolés, souvent traités comme le dernier flacon de parfum à la mode. […] Nous avons privilégié notre promotion personnelle, mais nous nous sommes éloignés de nos préoccupations communes », expliquait David Chipperfield cet été, en amont de la manifestation1. « C’est pourquoi la Biennale de 2012 est centrée sur ce que j’appelle le Common Ground, le terrain d’entente entre les architectes et la société, mais également entre les architectes eux-mêmes. L’heure est venue de susciter le réveil de la profession. L’exposition de Venise viendra, j’espère, alimenter notre réflexion sur ce que nous pouvons faire pour contribuer au fonctionnement de la société. […] Il faut que les gens voient qu’au-delà des divas, des génies dans leur tour d’ivoire et des stars médiatiques, les architectes sont des professionnels engagés avec des objectifs communs. »
Après l’inauguration, que reste-t-il de ces propos ? De cet espoir de voir la Biennale de Venise susciter l’impulsion nécessaire à un « assainissement » du marché de l’architecture, à une revalorisation de l’architecte artisan au détriment de sa caricature, l’architecte star, qui ne se soucierait guère ni du contexte ni des utilisateurs de ses créations ?
Dans la presse, deux réactions prévalent. D’un côté, on loue une certaine retenue formelle et thématique, comme le journaliste de l’hebdomadaire britannique The Observer, qui décrit une édition « plus jouissive et plus accessible » que la moyenne, une exposition à l’ambiance, « plus tranquille, plus lente et plus aérée que d’habitude, où les architectes impliqués semblent ravis de ne pas se trouver engagés dans des rivalités ». De l’autre, l’accent est presque exclusivement mis sur l’incroyable disparité des propositions : un « patchwork diversifié de réponses » dans le cadre d’une biennale qui « baigne évidemment en pleine crise financière et immobilière » pour la journaliste de Libération, une « variété d’interprétations […] probablement plus ample que ce que David Chipperfield avait en tête » pour la Repubblica et des inégalités qui « frôlent l’extrême » du point de vue de la Neue Zürcher Zeitung qui, « dans la pléthore de propositions d’une biennale qui déborde de son cadre, [a] du mal à cerner les buts et les valeurs qui fourniraient à la confrérie des architectes un liant clair et évident ».

 

Note

 

1 David Chipperfield, in « Venise, canal commun », propos recueillis par Jonathan Glancey, L’Architecture d’Aujourd’hui n° 390, juillet-août 2012, pp. 162-164

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