L’art comme méthode
Comment la pensée artistique agit-elle sur l’architecture et l’urbanisme? Enquête sur des méthodes, protocoles et prix qui réunissent les approches. Cadrage du dossier du numéro d'octobre de TRACÉS.
Ce dossier est consacré aux relations entre artistes et architectes, en dehors du terrain qui les réunit le plus souvent; l’animation artistique dans le bâtiment (Kunst am Bau), dont les résultats sont bien diffusés. La généreuse plateforme artlog.net recense et tient à jour toutes les interventions situées dans les édifices et les espaces publics de Suisse depuis le début du 20e siècle. Véritable trésor, ce site permet d’apprécier l’extraordinaire diversité et, par-là, l’évolution des pratiques aux cours des décennies, qui semble aller vers un détachement progressif de l’objet construit: d’abord ornemental, symbolique, avec ses bas-reliefs et ses décors peints, puis avec ses sculptures posées devant les édifices modernistes, enfin volontiers impertinent ou provocant, avec ses néons, ses mots, ou ses installations interactives, le travail des artistes a pu ainsi «animer» très littéralement la production de l’espace, jusqu’à prendre la forme de performances et de spectacles qui participent pleinement de la fabrication contemporaine de la ville et des territoires, jusqu’à ne devenir plus qu’un état d’esprit. Et si l’art en architecture était une forme de pensée, une méthode? Une méthode pour penser autrement le bâti et l’espace, pour dégripper des protocoles usés, sortir des sentiers battus.
Nous nous concentrons ici sur quelques interactions récentes entre artistes qui construisent et architectes qui animent, à leur manière commune de faire émerger la création non pas sur, mais à partir d’un lieu. Thierry Maeder raconte comment le travail artistique participe à une forme de «festivalisation» des centres-villes; Charlotte Laubard comment le programme des Nouveaux commanditaires fait émerger un projet artistique à partir des usagers; Séverin Guelpa et Pierre Cauderay, un artiste et un architecte, comment des œuvres éphémères émanent de territoires inhospitaliers. Nous revenons enfin sur l’évolution récente des Swiss Art Awards, le concours annuel où les architectes se frottent de près au monde de l’art. Dans tous ces sujets, l’art comme méthode réveille l’esprit du lieu.
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