Ré­cit de fon­da­tion

Le Silo se penche ici sur un film catastrophe, "San Francisco" réalisé par W. S. Van Dyke en 1936. Ou comment l'incendie qui ravage une ville lui permet de faire table rase sur le passé et se tourner vers l'avenir.

Data di pubblicazione
30-01-2014
Revision
12-10-2015

Les films catastrophe hollywoodiens constituent parfois de véritables récits de fondation. Tel est le cas de San Francisco signé W. S. Van Dyke. C’est à partir de la destruction engendrée par le tremblement de terre et l’incendie de 1906 que San Francisco s’invente un nouveau début. 
Dans le film, la catastrophe atteint une ville scindée en deux, en pleine crise d’identité. Il y a le cabaret Paradise, géré par le peu scrupuleux Blackie Norton (Clark Gable), où l’ambiance est proche du western : tout se règle à la faveur de jeux de séduction et par la force physique. Mary Blake (Jeanette MacDonald), jolie jeune fille originaire du Colorado, débarque affamée et épuisée au Paradise, à la recherche d’un travail comme chanteuse. Son talent et son charme se font rapidement remarquer et elle est invitée à l’opéra Tivoli. Lorsqu’elle franchit l’entrée de la salle de spectacle, une autre San Francisco surgit dans le film : le Tivoli est l’emblème d’une ville riche, rêvant d’un futur plus noble, inspiré de New York ou des villes d’Europe. Le personnage de Mary incarne la scission entre les deux mondes : elle aime Blackie et le Paradise, mais doit se marier avec le patron du Tivoli. Onze ans plus tôt, dans La Cité en flammes, Van Dyke avait mis en scène le grand incendie qui ravageât Chicago en 1871, la nettoyant de fait de ses gangsters. Avec San Francisco, la recette est plus ou moins la même : le feu provenant du séisme purge la ville de ses pêchés. Avec une admirable maîtrise technique, Van Dyke prolonge les spectaculaires scènes de l’effondrement de la ville, puis la recherche de Mary par Blackie au milieu des décombres. Après quoi, on fait table rase du passé et on construit une ville moderne sur des bases « propres ».

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