Quand Sou­to de Mou­ra ren­con­tre Heinz Isler

L’architecte portugais met en scène son travail au Pavillon Sicli jusqu’au 12 juin.

Data di pubblicazione
27-05-2014
Revision
15-10-2015

Pour sa troisième exposition d’architecture conçue in situ – après Landscape & structure : un inventaire de Jürg Conzett photographié par Martin Linsi en 2012 et Sou Fujimoto – architecture as forest en 2013 –, le Pavillon Sicli a choisi de présenter le travail d’Eduardo Souto de Moura, dont les trois décennies de carrière ont été auréolées par le Prix Pritzker en 2011. 
L’exposition, instiguée par la Maison de l’Architecture en partenariat avec le journal FACES, présente douze réalisations de l’architecte portugais, par le truchement de maquettes et de plaquettes réunissant des plans, des dessins, des textes explicatifs, des photographies et des photomontages. 
La scénographie de l’exposition, imaginée par l’architecte lui-même, fait dans la sobriété. Souto de Moura a divisé l’espace du Pavillon Sicli en trois zones. L’une concentre douze tables disposées en deux rangées parallèles présentant chacune l’un de ces projets réalisés – tous au Portugal, excepté l’un en Espagne et l’autre à Bâle, sur le campus Novartis. La seconde partie accueille une série de parois agencées en rectangles sur lesquelles sont accrochés 54 panneaux détaillant de manière chronologique les projets de concours auxquels a participé Souto de Moura, notamment celui en collaboration avec le bureau d’architectes Pont 12 du Musée cantonal des Beaux-Arts, et ceux du complexe sportif et multifonctionnel de Lausanne, de l’extension du Kunstmuseum de Bâle ou encore d’habitations à Winterthour. 
Le dernier espace présente six maquettes en bois posées sur des meubles à tiroirs en bois aggloméré. Le visiteur peut ouvrir les tiroirs pour examiner les plans et images relatifs à la maquette. Derrière ces six pièces de mobilier, des dizaines de dessins reproduits à partir de son carnet de croquis sont accrochés sur la paroi. 
C’est sans doute la partie la plus substantielle de l’exposition. Car, si la scénographie n’a en soi rien d’exceptionnel, l’exposition a le mérite de mettre en avant la pratique du dessin à la main, qu’Eduardo Souto de Moura exploite allègrement. Des formes esquissées ou des croquis plus travaillés, en couleur ou en noir/blanc, au crayon ou au stylo. Avec parfois un détail émouvant : une ombre, une voiture qui file, un oiseau, un linge suspendu, une texture, un passant. Pouvoir observer les originaux plutôt que les reproductions aurait permis d’en saisir toute la force. 

Pavillon Sicli


L’exposition permet aussi de faire vivre un lieu qui devrait à terme devenir une maison de l’architecture, de l’urbanisme et du design. Pour mener ce projet à bien, un groupe de travail a été constitué, comprenant notamment des membres du Service cantonal de la culture, de la SIA, de la HEAD et de hepia. Pour l’heure, le lieu, acheté par l’Etat de Genève en 2011, est géré par la société Arfluvial sur le système d’un partenariat public-privé. Les événements qui y sont organisés sont toutefois déjà en lien avec des problématiques relatives à la ville et au bâti. 
Le Pavillon Sicli s’inscrit dans un territoire industriel en voie de transformation : le secteur Praille Acacias Vernets, où plusieurs lieux ont déjà été reconvertis en espaces culturels – la Maison Baron, résidences pour artistes, et Piano Nobile, lieu d’expositions.
Ancienne usine, le bâtiment a été construit par Heinz Isler à la fin des années 1960 pour abriter les bureaux et la fabrique de la société de Secours immédiat contre l’incendie. Le plan rationnel de la construction associe deux carrés – l’un dévolu aux activités administratives, l’autre à l’exploitation – surmontés d’une coque mince en béton armé reposant sur sept appuis raccordés en sous-sol par des tirants. 
L’ingénieur suisse a édifié plus de 1500 voiles en béton de ce type dans toute l’Europe et sur son territoire, notamment pour abriter la halle sportive à Crissier et une station-service à Deitingen. 
Les structures en béton de Heinz Isler font par ailleurs écho au pavillon portugais de l’exposition universelle de 1998, à Lisbonne, conçu par Álvaro Siza en collaboration avec Eduardo Souto de Moura. Toujours existant, il est constitué d’un voile en béton précontraint qui se développe d’un seul tenant entre deux cadres porteurs en brique.

 

Eduardo Souto de Moura 

Jusqu’au 12 juin 
Finissage avec une conférence de l’architecte le 12 juin à 18h30
Pavillon Sicli, Genève / www.pavillonsicli.ch

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