Chan­di­ga­rh – Le de­ve­nir in­dien d’une vil­le mo­der­ne

Cinquante ans après Le Corbusier

L'exposition de Chandigarh à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris invite à se replonger dans le plus abouti des projets urbains corbuséens

Data di pubblicazione
08-01-2016
Revision
08-01-2016

L’exposition sur Chandigarh, qui se tient parallèlement à celle consacrée à l’AUA, à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, invite à se replonger dans le plus abouti des projets urbains corbuséens: l’édification de la capitale administrative du Penjab.

D’une fraîcheur inattendue, l’exposition réalisée avec le concours de la Fondation Le Corbusier observe l’évolution de cette ville moderne conçue pour 150 000 habitants et qui en compte aujourd’hui 1 200 000. Pensée sur le mode de plusieurs déambulations urbaines qui se croisent et se chevauchent, la présentation établit la compatibilité entre un projet moderne et la réalité indienne. Loin de toute dénonciation des manquements dans la préservation patrimoniale de l’ensemble, le propos qui se dessine au fil des périples filmés souligne l’adaptabilité et l’ouverture de la trame corbuséenne.

Cartographie quasi exhaustive

Les très beaux plans, maquettes et élévations d’origine font face à des projections de la ville saisies dans son quotidien. Des prises de vue du nord au sud et de l’est à l’ouest qui restituent admirablement la vitalité de cette métropole. Huit grands écrans s’activent pour donner à voir le paysage urbain de Chandigarh. Chacun de ces parcours thématiques est repérable sur une carte livrée à l’entrée. Inspiré de la cartographie Google, ce dispositif de maillage filmique permet d’aller au-delà d’une simple évocation d’atmosphères, pour tenter une lecture spatiale exhaustive de la ville. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’objectif n’est pas loin d’être atteint. Il faut par contre y passer plusieurs jours pour voir intégralement l’ensemble des parcours documentaires.

A ce travail de déambulation non commenté s’ajoute toute une série d’entretiens avec des spécialistes, qui évaluent la pertinence du dessein corbuséen à l’aune des spécificités du modèle urbain indien.

Sujet à une géographie sociologique encore déterminée par des questions de castes, le modèle urbain indien est assez différent de ceux européens ou même asiatiques. A la différence de la ville européenne définie par un centre, ou de la ville japonaise étalée et polycentrique, la ville indienne fonctionne sur un modèle de centralités mobiles qui évoluent au fil des saisons ou des heures. A cela s’ajoute un développement qui ne va pas nécessairement du centre à la périphérie, mais peut aussi aller de la périphérie vers le centre.

Globalement, le propos tenu par l’exposition tend vers un éloge de l'appropriation avec une réelle volonté de mettre en avant l’adaptabilité du projet corbuséen à l’évolution des besoins de ses habitants. En quittant l’exposition, on ne peut qu’applaudir la fondation pour son ouverture d’esprit, notamment dans sa façon de renoncer à une lecture patrimoniale, pour contribuer à une exposition qui élève l’impureté au rang des qualités fondamentales de l’urbanisme. On ne peut que lui souhaiter de parvenir un jour à appliquer cette même ouverture à l’ensemble de l’œuvre corbuséenne et de quitter la posture de gardien du temple à laquelle elle s’est assignée.

Chandigarh: 50 ans après Le Corbusier

Jusqu’au 29 février 2016
Cité de l’architecture & du patrimoine, Paris
www.citechaillot.fr

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