Campus Santé: le luxe de l’informalité
Entre 2012 et 2017, le Conseil d’État vaudois s’est engagé à accroître le nombre de personnes formées aux métiers de la santé – le Covid nous a rappelé que la Suisse n’échappe pas à la pénurie globale de personnel dans ce domaine. Le concours de 2016 du Campus Santé de Lausanne, proche de la Bourdonnette, sera l’un des résultats de cette politique.
Le mandat portait sur la réalisation des aménagements extérieurs, de logements étudiants (LET), de surfaces d’activités d’économie résidentielle, regroupées dans un nouvel édifice de la Haute École de Santé Vaud (HESAV) ainsi que sur la réalisation d’un centre coordonné de compétences cliniques (C4). L’aménagement intérieur du C4 reproduira les divers environnements de soins (milieu hospitalier, salles de réadaptation, cabinet médical, appartement) et permettra aux étudiant·es de simuler des situations cliniques complexes, par l’intermédiaire de mannequins de haute technologie ou de patient·es simulé·es (acteur·ices): bref, le lieu est presque pensé comme un studio de cinéma.
Le bureau Jan Kinsbergen Architectes a remporté le concours avec le projet Banquet, dont les trois volumes principaux sont une croix, un cercle et un rectangle. Ici aussi, ce sont les figures les plus claires qui convainquent le jury. Il ne s’agit pas en l’occurrence de chercher l’analogie avec une manette de jeu vidéo, mais bien, selon l’architecte, d’une décision formelle qui doit répondre à un enjeu urbanistique. «Nous ne voulions pas développer de typologies uniformes, mais convoquer un ‹banquet›: représenter des hôtes à une table, avec des identités qui répondaient au programme demandé», explique Jan Kinsbergen. Ainsi, le bâtiment LET est en forme de croix: le centre devient à la fois circulation verticale et lieu de convivialité; le C4 requérait une double circulation, afin d’éviter que les étudiant·es et les patient·es simulé·es (acteur·ices) ne se croisent, et le programme (salles de simulation, régie) pouvait être placé dans un volume plutôt épais, raison pour laquelle il adopte une forme compacte, circulaire.
Entre la phase du concours et le permis de construire – tout juste attribué au bâtiment – le projet n’a pas subi de changement important. La différence majeure concerne la puissance des panneaux photovoltaïques en toiture, qui devrait augmenter pour 2030, afin de contribuer à atteindre l’autonomie énergétique du Campus Santé, d’une surface totale de 48 300 m2. Les volumes seront dotés d’une structure principale poteau-poutre en béton, d’une façade bois-métal et de cloisonnements intérieurs en bois. Pour Jan Kinsbergen, «ce ne sont pas des bâtiments de luxe, ce sont des bâtiments simples, type ateliers».
Le point d’orgue du projet réside dans le traitement des espaces communs: pour leur donner plus de générosité et une identité forte, les autres parties du programme (bureaux, salles de classes, studios) ont été traitées avec économie. «C’est au sein de ces espaces informels qu’il y aura des rencontres et c’est là que nous avons essayé d’avoir les espaces les plus ouverts, les plus généreux.» L’accent a été mis sur la circulation verticale – tantôt rampe d’inspiration pauliste, tantôt escalier en colimaçon –, ainsi que sur le rez-de-chaussée, libre et transparent, afin d’interrompre le moins possible le parc conçu par les architectes-paysagistes du Studio Vulkan.
Le luxe, ici, sera dans les vastes coursives du LET qui surplomberont le paysage; ou encore dans la cascade de rampes de l’HESAV. Le luxe, ici, et comme souvent en architecture, ce sera l’espace en plus.
Campus Santé, Lausanne (VD)
Maître d’ouvrage
État de Vaud, DGIP, FMEL
Architecture
Jan Kinsbergen Architectes
Génie civil
ARGE Dr. Neven Kostic GmbH, Dr. Schwartz Consulting
Ingénierie bois
Bois Initial
Ingénierie CVS
Todt Gmür + Partner, Weinmann Energies
Architecture du paysage
Studio Vulkan
Direction de travaux
Pragma Partenaires
Procédure
Concours, 2016
Réalisation
2023-2026