Fai­seurs de cen­tres

Editorial du numéro TRACÉS 23-24/2019

Data di pubblicazione
04-12-2019

Avec 10 000 logements programmés pour les dix prochaines années et une quarantaine de projets en cours de développement dans toute la Suisse, les CFF, via leur division Immobilier créée en 2003, sont devenus en une quinzaine d’années l’une des principales sociétés immobilières du pays. Par leur action, ils sont en train de dessiner pour les décennies à venir le paysage des centres-villes des principales villes suisses. Ce n’est pas rien. Et il est dans l’ordre des choses que cette action soit observée, analysée, critiquée, débattue.

En 2005, lorsque la fondation Patrimoine Suisse attribue le Prix Wakker aux CFF, elle salue « le grand soin et la haute exigence créatrice » apportés aux nouvelles constructions et leur «conscience extraordinaire de l’héritage culturel et architectural» vis-à-vis des constructions anciennes, estimant que les bâtiments CFF constituent « une part importante du paysage culturel suisse » et que les CFF eux-mêmes «assument un rôle modèle». On parle alors, en 2005, des bâtiments liés à l’exploitation ferroviaire et des ouvrages d’art. C’était avant que la Confédération impose à la division Immobilier, en 2006, de renflouer les caisses de la division Infrastructure et de la caisse de pension en rentabilisant ses terrains « aux conditions du marché ».

Qu’en est-il depuis? Ce bon point accordé aux CFF a-t-il trouvé sa traduction dans la nouvelle stratégie immobilière de l’entreprise?

À travers un retour historique sur le mégaprojet controversé de Europaallee à Zurich – qui a fait l’objet de plusieurs concours depuis la fin des années 1960 – et une analyse de la stratégie plus opportuniste développée en Romandie, nous tentons de mieux cerner les ressorts de l’action immobilière des CFF, leur mode opératoire, leurs relations avec les autres acteurs de l’aménagement et, au-delà, leur vision des centres-villes de demain.

Un ADN historiquement public, l’attachement des Suisses à l’ancienne régie fédérale, le nombre et l’ampleur des projets n’autorisent pas les CFF à être des investisseurs privés comme les autres. Pour «assumer un rôle modèle» et être à la hauteur des enjeux sociétaux, culturels, écologiques, qui traversent et conditionneront nos sociétés pendant les décennies à venir, les CFF n’ont d’autre choix que d’être exemplaires lorsqu’ils construisent la ville, comme ils l’ont été jusqu’à présent dans la gestion de l’infrastructure ferroviaire.

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