Aphorisme 3
«L'architecture est le "vide", c'est à toi de le définir.»
Chez Snozzi, l’homme et l’architecte sont deux aspects indissociables d’une même personnalité.
En tant qu’enseignant, Luigi faisait preuve d’un engagement inconditionnel envers les étudiants. Avec lui, il n’y avait pas de bon ou de mauvais élève, il s’efforçait de s’investir avec la même intensité, et accompagnait chaque projet avec la même générosité, en fédérant et en instaurant un espace d’échange. C’était un homme drôle et un merveilleux conteur, capable de séduire ses interlocuteurs et de donner un sens à ce qu’il faisait. Son cours magistral était tant basé sur la théorie que sur sa propre vie : il prônait la résistance comme force essentielle. Non pas celle dont on peut lire la définition dans le dictionnaire: non, une résistance comme engagement de l’architecte. Son combat, c’était l’architecture. C’était par sa pratique qu’il pouvait donner un sens aux usages, au territoire. Par ailleurs, il a utilisé Monte Carasso comme laboratoire, et il invitait tous les architectes à avoir une commune dans laquelle ils pouvaient s’engager pour suivre le lent processus de l’architecture et en constater les effets sur le terrain.
J’ai été durant dix ans son assistant à l’EPFL et, toutes ces années, il n’y a pas eu une fois où nous avons été en désaccord – à l’exception, peut-être, des marques de cigarettes que nous préférions.
La vision de Snozzi m’a profondément inspirée; dans ma pratique elle m’accompagne de manière quasi quotidienne dans la lecture du territoire, première étape de tous mes projets. Par esprit d’évolution, j’ai tout de même cherché d’autres registres, d’autres manières de concevoir l’architecture. Luigi avait une pratique doctrinale du béton, il avait tout expérimenté.
Sa pratique suppose une préexistence, il n’y a jamais de tabula rasa: «Toute intervention présuppose une destruction, ne détruis pas sans conscience!». C’est d’ailleurs le seul aphorisme qu’il a modifié, puisqu’il y a quelques années, il a ajouté à la fin de l’aphorisme «…et avec joie!» Cette modification est extraordinaire, car elle nous a, d’une certaine manière, libérés !
Olivier Fazan, architecte, associé du bureau d’architecture Magizan. Étudiant puis assistant de Luigi Snozzi à l’EPFL de 1987-1997
Autres témoignages
Olivier Fazan, étudiant puis assistant de Luigi Snozzi à l’EPFL de 1987-1997
Kaveh Rezakhanlou, étudiant puis assistant du Professeur Luigi Snozzi de 1991 à 1997
Ariane Widmer, étudiante de Luigi Snozzi de 1984-1986 à l’EPFL
Patrick Berger, professeur honoraire EPFL