Apho­ri­sme 12

«Toute construction présuppose une destruction, détruis avec conscience».

La question des limites était primordiale dans la lecture du territoire de Luigi Snozzi; plus elles étaient précises, plus les développements ultérieurs pourraient s’y référer et être de qualité. Pour lui, ce qui était fondamental, c’était de capter l’identité des lieux et de la révéler. Pour analyser les sites, nous utilisions les cartes historiques, topographiques, les plans masses, les rapports entre pleins et vides… Snozzi était en lutte contre la société de consommation et l’étalement urbain disparate que celle-ci engendre. Les éléments qui constituent ses réponses étaient souvent des éléments architecturaux, autant des vides que des pleins, et une lecture très précise de la topographie.

Le projet non réalisé que nous avions fait pour l’EPFL, à un moment-clé où la direction de l’école réfléchissait à son extension, est un exemple de sa pensée. Pour lui, le lieu de prédilection d’études, le vrai laboratoire, pour les étudiants d’architecture, est la Ville. Déplacer le département d’architecture dans la périphérie lausannoise sur le campus de l’EPFL était une hérésie. Il a donc proposé de relier l’EPFL au centre de la Ville en s’appuyant sur la ligne du TSOL. Celui-ci arrivait au Flon, qui était alors en pleine mutation: le quartier aurait dû accueillir la «tête» de l’école – les administrations, certaines facultés comme l’architecture, des espaces d’expositions…comme vitrine de l’EPFL au cœur de la Cité. À Ecublens, pour éviter que le campus ne croisse vers l’extérieur sans règle, nous placions l’EPFL sur une plateforme aux limites précises, qui déterminait un nouveau niveau de référence. Cette horizontalité rencontrait le terrain naturel en des points précis et le rendait lisible.

Luigi Snozzi était quelqu’un d’extraordinaire, sa perte nous procure une grande tristesse; il nous reste la possibilité maintenant de le retrouver, heureusement, dans tout ce qu’il nous a transmis.

Anne-Catherine Javet, architecte, associée du bureau Esposito & Javet à Lausanne. Collaboratrice du bureau Luigi Snozzi à Lausanne entre 1989 et 1997 et assistante du professeur Luigi Snozzi à l'EPFL de 1993 à 1997 et à l'EPFZ en 2003-2004

Autres témoignages

 

Olivier Fazan, étudiant puis assistant de Luigi Snozzi à l’EPFL de 1987-1997

 

Doris Wälchli, étudiante du professeur Luigi Snozzi de 1986-1987, et diplômée sous sa direction en 1988 à l’EPFL

 

Kaveh Rezakhanlou, étudiant puis assistant du Professeur Luigi Snozzi de 1991 à 1997

 

Anne-Catherine Javet, collaboratrice du bureau Luigi Snozzi à Lausanne entre 1989 et 1997 et assistante du professeur Luigi Snozzi à l'EPFL de 1993 à 1997 et à l'EPFZ en 2003-2004

 

Ariane Widmer, étudiante de Luigi Snozzi de 1984-1986 à l’EPFL

 

Patrick Berger, professeur honoraire EPFL

 

Luca Ortelli, professeur à l'EPFL

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