Tran­sfor­mer!

Dossier TRACÉS de février 2025

Après «Démolir?», premier numéro de l’année, TRACÉS se demande comment  «Transformer!» le patrimoine ordinaire des grands ensembles de logements, au-delà du simple rhabillage thermique. 

 

Data di pubblicazione
10-02-2025

Comment éviter la démolition du patrimoine ordinaire des grands ensembles de logements? C’est la question que nous posions dans le dernier numéro de TRACÉS. Ce mois-ci, nous nous demandons quoi faire une fois pris le parti de la non-démolition: comment et jusqu’où intervenir dans des bâtiments habités pour les mettre aux normes et améliorer leur confort? 

Jusqu’aux années 2000-2010, rénover a surtout signifié emballer par l’extérieur pour réduire la facture de chauffage, opération à moindre coût et peu impactante pour les habitants consistant à coller une isolation en polystyrène sur les façades – principalement pour faire «propre». Deux décennies d’isolation par l’extérieur envisagée comme seule réponse à la question énergétique ont montré les ravages de l’emballage sur l’architecture et les paysages suisses et européens, sans pour autant garantir la durabilité de ces dispositifs, ni dans le temps, ni en termes écologiques. Résultat: en isolant à tort et à travers, on a préparé la poubelle de demain. 

Aujourd’hui, l’enjeu va bien au-delà du simple rhabillage thermique. La prise en compte du bilan carbone dans les opérations de démolition-reconstruction et les nouvelles réglementations contre l’artificialisation des sols, entre autres, incitent les grands propriétaires-bailleurs à considérer autrement leur patrimoine, comme une ressource à remettre à neuf, à recomposer sur elle-même pour lui donner une seconde vie. Il ne s’agit plus seulement de rénover mais d’investir pour l’avenir en profitant des mises aux normes réglementaires pour repenser globalement les manières de vivre dans ces ensembles. Pour ces maîtres d’ouvrage, ce sont des arbitrages délicats entre de multiples facteurs pour définir au cas par cas leur niveau d’intervention: coûts, économies d’énergie attendues, acceptabilité par leurs locataires des déménagements, des nuisances, des hausses de loyer, etc. 

Le champ de la rénovation-transformation des grands ensembles ouvre des réflexions passionnantes – architecturales et paysagères, techniques et économiques, sociales et sociétales: expression des façades, adaptation des typologies à de nouveaux modes de vie, rapport au patrimoine, dispositifs thermiques, usage de matériaux bio- et géosourcés, etc. Ces opérations, plus complexes techniquement, plus engageantes vis-à-vis des habitants, appellent des approches fines, des diagnostics précis, beaucoup d’attention. Elles exigent de fait plus de matière grise, qu’il faut rémunérer, mais constituent de formidables opportunités de projet que les architectes et plus généralement tous les métiers de la construction doivent saisir dès maintenant, avec enthousiasme!


Dans ce dossier : 

 

L’esprit des coopératives appliqué à la modernité, Line Fontana et David Fagart


Pensée du monde en réparation. Destins croisés de sept tours jumelles, Rocio Calzado

 

Tour Vieusseux (GE): l’enveloppe comme projet, Stéphanie Sonnette

 

Avanchet-Parc: un pas en avant, deux pas en arrière, Giulia Marino

 

Boisy à l'os, Stéphanie Sonnette

 


 


 


 

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