Chri­sto et le ga­zo­mè­tre

Cacher pour mieux dévoiler, voiler pour montrer autrement. La marque de fabrique de Christo. Depuis la fin des années 1950, l'artiste – d'abord seul puis avec son double artistique et de vie Jeanne-Claude, décédée en 2009 – empaquète des objets. Une décennie plus tard, cette manière de faire se monumentalise, littéralement: il se met à emballer des monuments.
L'art environnemental de Christo est un plaidoyer pour sortir l'art du musée. Et son œuvre n'atteint son but qu'en dehors du cadre muséal. Une pratique artistique ancrée dans la contemporanéité mais qui fait dans le même temps écho aux drapés de la statuaire antique. Christo a enveloppé ou encerclé d'un gigantesque drap, le plus souvent blanc, mais aussi orange ou rose, des bouts de nature, des îles, des arbres et des monuments de prestige (comme le Reichstag à Berlin) ou utilitaires. 
C'est précisément un monument utilitaire dont l'artiste a fait usage pour sa nouvelle œuvre: le gazomètre de Oberhausen, en Allemagne. Cette fois-ci, c'est le monument lui-même qui fonctionne comme emballage: le gazomètre enveloppe l'œuvre conçue par Christo, une sculpture d'étoffe translucide. L'installation Big Air Package, constituée de plus de 20'000 m² de tissu gonflé d'air, se dresse dans le bâtiment industriel. Maintenu à la verticale grâce à deux ventilateurs, le géant de tissu occupe quasiment l'entier de l'espace de l'ancien réservoir à gaz, excepté un passage qui encercle l'œuvre, permettant ainsi au visiteur d'en faire le tour. 
En Suisse, Christo a emballé à l'aube de l'an 2000 près de 200 arbres de la Fondation Beyeler. Dans les années 1970, la Cité de Calvin lui a refusé trois œuvres: Christo avait pour projet d'emballer la statue du Général Dufour, le Mur des Réformateurs et... le Jet d'eau.

L'œuvre de Christo est visible jusqu'à la fin de l'année. Plus d'informations ici.