La SIA s'in­quiè­te pour le fu­tur cen­tre de bio­mé­de­ci­ne de Bâ­le

Le projet de construction du centre de biomédecine à Bâle revient dans les discussions. Alors que l’université en a exclu tant le Service des bâtiments que les architectes Caruso St John, des doutes quant à sa capacité à mener seule un projet de cette envergure dans le respect des délais et du budget se font de plus en plus entendre. La Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA) estime en outre que cette décision met en péril la qualité du futur bâtiment.  

Data di pubblicazione
24-09-2018
Revision
24-09-2018

 En 2015, l’Université de Bâle et le Service des bâtiments organisaient un concours de projets pour la nouvelle construction du département de biomédecine sur le site de Schällemätteli. Cette procédure de mise en concurrence, qui était également prévue dans le plan d’aménagement, devait assurer la qualité urbanistique et architecturale du futur centre. Grâce à l’avant-projet élaboré ensuite par l’équipe de planification générale réunie autour des architectes Caruso St John, lauréats du concours (voir le résultat du concours sur notre plateforme competitions.espazium.ch), cette double exigence pouvait être remplie. En effet, leur proposition est qualifiée d’excellente par la profession et respecte le budget. L’université exige alors une réduction des coûts de 15 %. Malgré les mesures d’économie détaillées qui lui sont fournies, celle-ci remercie dans un premier temps son mandataire, puis le Service des bâtiments. L’établissement décide de réaliser lui-même le projet qui se monte à 200 millions de francs, bien qu’il n’ait – de son propre aveu – jamais assuré seul la maîtrise d’œuvre d’un chantier d’envergure. 


La qualité d’exécution compromise

A Bâle, des doutes s’expriment à mots couverts sur la capacité de l’université à réaliser le chantier conformément au budget et au calendrier. La Société suisse des ingénieurs et des architectes partage ces incertitudes, mais son président Stefan Cadosch se montre encore plus préoccupé par la qualité du bâtiment: «Le fait qu’au départ, un concours de projets avait été organisé ne relevait pas du hasard. Les maîtres de l’ouvrage voulaient un bâtiment de qualité, qui s’intègre harmonieusement au site du Schällemätteli: une procédure de mise en concurrence constituait effectivement le choix le plus avisé au regard de cet objectif. Le fait que l’université décide de débarquer les auteurs du projet et le Service des bâtiments est un mauvais présage. » Le président de la SIA se montre sceptique quant à la qualité d’exécution de l’ouvrage: «Je doute fort que la réalisation des éléments constitutifs de l’identité architecturale du bâtiment – c’est-à-dire les façades, les entrées, les halls et la science lounge ouverte au public – puisse satisfaire aux exigences de qualité affichées.» Pour le moment, la direction de l’université et le Conseil d’Etat du canton de Bâle-Ville n’ont pas réagi aux réserves dont il leur a fait part. La SIA appelle aujourd’hui le maître de l’ouvrage à confier la direction architecturale des éléments précités à Caruso St John. «L’architecture et l’ingénierie suisses – car il ne s’agit pas que de Bâle – sont réputés et même enviés à l’étranger», a rappelé Stefan Cadosch. «Et c’est précisément ce qui m’inquiète. Cette réputation risque maintenant d’être mise à mal. En outre, si une telle démarche venait à se généraliser, cela marquerait la fin des pratiques équitables dans la construction publique. »

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